Accueil Actu

Une rentrée universitaire marquée par l'afflux d'étudiants

La rentrée universitaire 2017 est exceptionnelle à plus d'un titre: après une crise inédite autour de la plateforme d'admission post-bac (APB) débordée par l'afflux de postulants, étudiants, universités, enseignants et ministère sont en négociations pour tenter de sortir de l'ornière.

Des pourparlers délicats car les avis divergent sur les solutions souhaitées.

- APB en crise -

Créée en 2003 et étendue à tout le territoire en 2009, cette plateforme informatique a mis un terme aux files d'attente devant les facs et régulé les procédures d'inscription dans l'enseignement supérieur. Mais cette année, avec 40.000 bacheliers supplémentaires désireux d'entamer des études et 100.000 étudiants en réorientation, le système a craqué: multiplication des tirages au sort pour les filières où les demandes sont supérieures aux places et 65.000 candidats sans réponse avant l'été. Un chiffre ramené à 3.000 début septembre mais au prix d'abandons ou d'orientation de jeunes dans une voie non choisie, voire ne correspondant pas du tout à leurs acquis. La procédure APB 2017 s'achève lundi.

La ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal a lancé des négociations pour remettre à plat le système, avec deux objectifs principaux: la fin du tirage au sort, seul dispositif autorisé pour départager les candidats aux filières non sélectives très demandées, et réduire le taux d'échec en licence (le premier cycle universitaire), qui avoisine 60% en France.

- Les négociations en cours -

Syndicats étudiants (Fage, Unef, UNI), d'enseignants, conférence des présidents d'université (CPU) et autres représentants de l'enseignement supérieur ont constitué onze groupes de travail et entamé des négociations en juillet, avec une réunion toutes les semaines depuis début septembre, pour rendre leurs propositions mi-octobre. Un calendrier serré car le logiciel d'inscription dans le supérieur --qui pourrait bien ne plus s'appeler APB selon la ministre-- doit être prêt pour décembre, date de son ouverture aux futurs bacheliers.

- Les solutions évoquées -

Si toutes les parties en présence s'accordent à condamner le tirage au sort, "injuste et absurde", et à déplorer le taux d'échec lors de la première année de fac notamment, les solutions proposées diffèrent franchement.

La CPU, un des acteurs-clé, réclame la mise en place de prérequis "coercitifs", décidés par chaque université. Pas question, lui répondent les syndicats étudiants, qui y voient là une sélection déguisée, "ligne rouge à ne pas franchir" selon la Fage, premier syndicat étudiant. Les simples recommandations, souvent déjà listées par des facs, ne sont en général pas suivies, rétorque la CPU.

Le terme +prérequis+, devenu le symbole de ces négociations, couvre en outre une palette de possibilités: faut-il fixer comme conditions à l'entrée dans une filière le type de bac (général, technologique, professionnel), la filière (scientifique, économique, littéraire), les notes de Terminale, les notes du bac, les activités extrascolaires?

Autres idées évoquées: améliorer l'orientation pendant les années de lycée --une des faiblesses du système éducatif français--, augmenter le nombre de places en BTS pour accueillir les bacs pro, qui échouent massivement à l'université mais ont de meilleures chances en BTS. Sont également suggérés l'organisation d'une année de remise à niveau pour les élèves les plus fragiles, l'accroissement du nombre de licences professionnelles ou encore la modulation des cours pour permettre de suivre une licence sur quatre ans (et non trois).

- Une question de sous -

Les participants sont en revanche d'accord sur une chose: les universités sont les parents pauvres de l'enseignement supérieur français. Le budget n'a pas suivi la hausse démographique des étudiants.

Frédérique Vidal a annoncé 700 millions d'euros supplémentaires pour son ministère (qui comprend aussi la recherche) dans le budget 2018. Le budget 2017 avait augmenté de 850 millions, à 23,8 milliards, après plusieurs années de stagnation. La CPU et les syndicats étudiants, pour une fois d'accord, réclament un milliard par an pendant cinq ans.

Le gouvernement évoque par ailleurs "un plan étudiants", avec par exemple la construction de 60.000 logements étudiants sous le quinquennat.

À la une

Sélectionné pour vous