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Violences autour de la loi travail: dialogue de sourds entre syndicats et gouvernement

Le gouvernement a de nouveau dénoncé vendredi les violences survenues la veille lors des mobilisations contre la loi travail, mettant en cause les syndicats organisateurs, qui ont rétorqué que manifester était "un droit".

Au total, 214 personnes ont été interpellées et 78 policiers blessés lors des manifestations de jeudi en France. Depuis le début de la contestation contre la loi travail, il y a deux mois, 961 personnes ont été interpellées.

Le gouvernement reproche aux organisations syndicales de ne pas condamner suffisamment les violences. En ligne de mire, la récente affiche d'un syndicat de la CGT affirmant que "la police doit protéger les citoyens et non les frapper".

"Ceux qui ont diffusé sur la police des affiches et des propos qui contribuaient à tendre (les relations avec les manifestants) n'ont pas témoigné d'un grand esprit de responsabilité", a estimé Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur.

Pour toute réponse, la CGT a dénoncé "la répression" subie par les militants syndicaux exerçant leur "droit" de manifester, condamnant l'arrestation de quatre d'entre eux. "Les pouvoirs publics, garants de l’Etat de droit, doivent assurer la protection de toutes et tous et doivent permettre à celles et ceux qui le souhaitent, de manifester dans de bonnes conditions".

Même son de cloche côté étudiants, le président de l'Unef William Martinet insistant sur le fait que "manifester" était "un droit" : "Ça ne doit pas être une prise de risque à cause d'un usage disproportionné de la force par la police". Il a cependant reconnu que les organisateurs des manifestations devaient "faire plus" pour sécuriser les cortèges.

Le numéro un de FO, Jean-Claude Mailly, a souligné que ces violences éclataient "en dehors des manifs, à côté des manifs".

Ces violences "discréditent le mouvement", a déploré le mouvement citoyen Nuit Debout.

Jeudi était la quatrième journée d'action lancée par la CGT, FO, la FSU, Solidaires, l'Unef, la Fidl et l'UNL. Elle a mobilisé 170.000 personnes selon les autorités, 500.000 selon les syndicats, une participation légèrement supérieure à celle du 9 avril, mais nettement plus faible que celle du 31 mars où la police avait compté 390.000 personnes et les organisateurs 1,2 million.

- FO et CGT ensemble le 1er mai -

Les syndicats ont déjà le regard tourné vers la suite, à commencer par le 1er mai où les secrétaires généraux CGT et FO vont défiler ensemble à Paris, une première depuis 2009.

Au-delà des cortèges, l'idée d'une grève reconductible "est dans l'air" selon Solidaires, mais le refus du projet de loi travail a jusqu'à présent entraîné peu d'arrêts de travail.

"C'est bien de crier ici +grève générale+, mais c'est dans les entreprises que les salariés doivent se mettre en grève, et ça c'est plus compliqué", a admis Philippe Martinez jeudi soir place de la République devant Nuit debout.

Pour ses détracteurs, ce texte introduit de la précarité pour les salariés et est trop favorable aux employeurs, en leur donnant par exemple plus de latitude en matière d'aménagement du temps de travail.

Le 3 mai, les sept organisations syndicales se rassembleront aux abords de l'Assemblée nationale pour appeler les parlementaires à "rejeter" le texte, même s'il a déjà été sensiblement modifié, notamment avec le retrait du plafond des indemnités prud'homales. Mais il reste une "ligne rouge" pour les syndicats : la possibilité de laisser un accord d'entreprise primer sur un accord de branche.

Le rapporteur PS Christophe Sirugue est toutefois confiant. "Je pense qu'on est en mesure d'avoir une majorité, sous réserve des évolutions encore possibles au cours des débats", a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec la presse.

Le gouvernement doit aussi compter avec le patronat, qui réclame de "profondément modifier" le texte.

Mais il a le soutien des syndicats dits "réformistes" (CFDT, Unsa, CFTC) qui en font le thème d'une table-ronde le 1er mai. "Demander le retrait d'un texte porteur de progrès pour les travailleurs ne correspond pas à la logique de la CFDT", déclare Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, qui juge les violences "inacceptables" et "les condamne".

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