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Viry-Châtillon: 7 jeunes risquent une mise en examen

Sept jeunes du quartier difficile de la Grande Borne, soupçonnés d'avoir "directement participé" à l'agression aux cocktails Molotov contre quatre policiers à Viry-Châtillon (Essonne) en octobre, étaient présentés à la justice vendredi en vue d'une éventuelle mise en examen.

Après l'arrestation mardi et mercredi de douze jeunes âgés de 17 à 19 ans, cinq ont été relâchés à l'issue de leur garde à vue, et sept vont être reçus par des magistrats intructeurs, a expliqué le procureur de la République d'Evry, Eric Lallement, en conférence de presse.

"Ils seront mis en examen", a assuré d'emblée le procureur. Il a requis leur placement en détention provisoire.

S'ils sont tous mis en examen pour "tentative de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique, commise en bande organisée", comme le souhaite M. Lallement, ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

Les sept suspects sont tous originaires de la Grande Borne, une cité difficile, à cheval sur les communes de Grigny et Viry-Châtillon, et certains appartiennent "à une même bande", selon le procureur. Ils sont tous "mis en cause pour avoir directement participé à l'agression violente contre les policiers".

Pendant leur garde à vue, six "ont nié toute participation aux faits". Le septième "a reconnu être présent mais avoir seulement jeté des cailloux", selon M. Lallement.

Le 8 octobre, une quinzaine d'agresseurs avaient incendié deux voitures de police, qui surveillaient une caméra installée près d'un feu rouge connu pour ses vols avec violences sur des automobilistes, en lisière de la Grande Borne. Sur les quatre agents, deux avaient été gravement brûlés, deux autres plus légèrement.

Cette agression avait déclenché un mouvement de fronde, inédit par son ampleur, chez les policiers de base: de nombreuses manifestations ont eu lieu à travers la France.

Leur colère a poussé le gouvernement à présenter en janvier un projet de loi modifiant les règles de la légitime défense des policiers, pour les aligner sur celles des gendarmes, qui bénéficient d'un régime plus souple en cas de danger. Le texte sera examiné par le Sénat à partir du 24 janvier, avant d'être transmis aux députés.

- Trois mineurs, quatre majeurs -

Trois des sept suspects présentés au juge étaient mineurs lors de l'agression, a expliqué le procureur. L'un d'eux est devenu majeur une dizaine de jours après les faits. Les quatre autres étaient déjà majeurs en octobre.

Parmi les sept suspects, deux sont déjà mis en examen dans un autre dossier pour "tentative d'assassinat". Une affaire, remontant à septembre 2015, de représailles sur un adolescent alors qu'ils étaient encore mineurs.

Un troisième suspect avait déjà été condamné par un tribunal pour enfants pour des violences volontaires.

Le procureur a salué "le premier résultat" d'une "longue enquête", qui n'en est qu'à sa "première phase". Les enquêteurs de la Sûreté départementale de l'Essonne ont notamment travaillé sur des écoutes téléphoniques. Malgré deux vastes opérations de porte-à-porte dans la Grande Borne et l'audition d'une quarantaine de témoins, ils se sont régulièrement heurtés à la "loi du silence" dans le quartier, selon M. Lallement.

Les CRS actuellement postés au quotidien aux abords de la cité resteront "tant qu'il le faudra", a souligné le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) de l'Essonne, Luc-Didier Mazoyer.

Depuis l'agression, trois des quatre policiers attaqués ont été mutés dans les services de leur choix, selon le procureur. Le quatrième et le plus sévèrement brûlé, un ajoint de sécurité de 28 ans, a été promu gardien de la paix. Il est sorti de l'hôpital Saint-Louis à Paris en décembre, et a intégré un centre de rééducation en Seine-et-Marne.

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