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"Des mares de sang" devant le siège de Charlie Hebdo

Fusillades nourries, policier exécuté à bout portant, des impacts de balles, des douilles au sol, des "mares de sang" devant le siège de l'hebdomadaire Charlie Hebdo: les témoins de l'attentat racontent "la folie en plein cœur de Paris".

Dans ce quartier de l'Est parisien bouclé par les forces de l'ordre, ambulances, camions de pompiers ou de policiers ont rapidement envahi les rues.

En milieu d'après-midi, les sapeurs-pompiers quittaient progressivement les lieux, après avoir évacué les derniers blessés.

"J'étais allée chercher ma fille à la garderie", raconte à l'AFP la dessinatrice Corinne Rey, dite "Coco", lorsqu'"en arrivant devant la porte de l'immeuble du journal, deux hommes cagoulés et armés nous ont brutalement menacées" pour "entrer, monter". "J'ai tapé le code" puis "ils ont tiré sur Wolinski, Cabu... Ça a duré cinq minutes", raconte, en état de choc, "Coco", qui s'est alors "réfugiée sous un bureau".

"Ils parlaient parfaitement le français" et "se revendiquaient d'Al-Qaïda", précise-t-elle.

Depuis les locaux situés en face de Charlie Hebdo, un confrère décrit "des corps à terre, des mares de sang, des blessés très graves". "Les gens de Charlie Hebdo sont venus s'asseoir dans nos locaux pour être un peu au calme", relate-t-il sur iTELE.

Un peu plus tôt, vers 11H30, deux hommes armés de kalachnikov ont pénétré dans les locaux de Charlie Hebdo, qui occupe avec d'autres sociétés un immeuble de la rue Nicolas-Appert, une petite rue du XIe arrondissement.

Dans les bureaux de l'hebdomadaire, c'est le carnage.

Au moins douze personnes sont mortes, dont les figures historiques Charb, Wolinski, Cabu et Tignous, ainsi que l'économiste et chroniqueur Bernard Maris.

Coups de feu, policiers qui accourent: Regina, qui patientait dans une salle d'attente d'un centre ophtalmologique à une centaine de mètres de là, raconte avoir "tout de suite pensé à un attentat".

- "On se croyait sur le tournage d'un film" -

Dans une vidéo filmée sur le boulevard Richard-Lenoir, situé à quelques dizaines de mètres des locaux de Charlie Hebdo, les deux hommes armés de fusils automatiques sortent de leur véhicule, exécutent d'une balle dans la tête un policier à bout portant avant de prendre la fuite en voiture et de crier: "On a vengé le prophète Mohamed!".

"Ils étaient cagoulés, avec des armes type kalachnikov ou M16", décrit un voisin, qui a jugé les assaillants "sérieux" au point de penser que "c'était des forces spéciales à la poursuite de trafiquants de drogue". "On se croyait sur le tournage d'un film".

"J'allais en cours, je suis sortie du métro et j'ai entendu des coups de feu... peut-être trois", raconte une étudiante de 24 ans. "Des gens m'ont dit: +ça tire, baissez-vous!+", explique la jeune femme qui s'est alors réfugiée dans le métro. Sous le choc, elle a "mis une heure avant de revenir" dans la rue.

Bocar Diallo, lui, travaille alors dans un garage Volvo situé à proximité lors qu'il a "entendu des rafales". "On a voulu sortir mais des policiers nous ont dit de rentrer", explique-t-il après avoir accueilli dans son garage un policier "blessé par un éclat, venu se soigner".

Des dizaines de personnes passent à proximité du périmètre de sécurité, accrochées à leur téléphone portable. "C'est de la folie en plein cœur de Paris", lance l'une d'elles.

"On aurait pu être atteint", souligne un habitant du voisinage en montrant du doigt deux impacts de balles dans les vitres d'une agence Pôle emploi, rue Pelée, à une trentaine de mètres de l'immeuble du journal.

Emus, une dizaine d'étudiants en école de journalisme se sont réunis aux abords des locaux, avec des pancartes "Je suis Charlie", et derrière un grand écriteau: "Etudiants journalistes solidaires".

"C'est inacceptable de voir cela en France", lance Clivia Potot-Delmas, étudiante à l'université Paris 8, venue soutenir un journal doté d'une "grande liberté de ton, une grande indépendance".

Pour Philippe Fertray, un fidèle lecteur, les dessinateurs morts dans l'attentat sont "des grands mecs de l'humour" qui "déconnaient, se moquaient de tout le monde". "On a viré nos curetons il y a 200 ans, ceux d'une autre religion reviennent", juge-t-il. "Charlie Hebdo c'est la liberté d'expression, si ça ne plaît pas à Dieu, tant pis."

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