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Près de 2.500 migrants évacués de campements dans le nord de Paris

Près de 2.500 migrants ont été évacués vendredi matin de campements sauvages installés depuis plusieurs semaines porte de La Chapelle, dans le nord de Paris, la 35e opération du genre en deux ans dans la capitale.

Lancée vers 06H00 et achevée peu après 11H00, cette action a permis la "mise à l'abri" de 2.459 personnes, a déclaré à l'AFP Didier Leschi, directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii).

Originaires essentiellement d'Afghanistan, du Soudan, de Somalie et d'Erythrée, ces migrants étaient installés dans des campements insalubres disséminés sous l'autoroute ou le long des boulevards extérieurs à proximité du centre humanitaire ouvert en novembre porte de la Chapelle (XVIIIe arrondissement).

Les lieux, d'où 2.800 personnes avaient déjà été évacués le 7 juillet, avaient été rapidement réinvestis.

Rachid est arrivé porte de la Chapelle "il y a 21 jours". Sous la pluie, ce Soudanais de 24 ans patiente calmement: "Je ne sais pas où je vais mais j'irai n'importe où. C'est très dur, surtout quand il pleut et la nuit quand il fait froid".

Dans la file d'attente, Mohammed, un Somalien de 25 ans, est plus inquiet. "On m'a dit qu'il fallait que je retourne en Allemagne".

Au total, 18 gymnases de région parisienne ont été mobilisés pour les accueillir.

Les préfectures du Val-d'Oise et une source policière en Seine-et-Marne ont indiqué que respectivement 300 et 200 personnes ont été accueillies dans ces deux départements.

449 autres sont hébergées dans des installations sportives universitaires du sud de Paris, provoquant l'indignation des élus et des riverains. Outre les deux gymnases réquisitionnés, environ 25 tentes ont été plantées sur le terrain de sport du complexe, a constaté un journaliste.

Le maire LR du XVe arrondissement Philippe Goujon s'est insurgé de n'avoir "jamais été prévenu officiellement" de l'installation de ce campement.

"Les élus locaux ont été prévenus il y a deux, trois jours que ce serait ce site-là", a répondu à l'AFP le secrétaire général de la préfecture d'Ile-de-France, Stéphane Ravier.

- "Réétudier le dispositif" -

Cette opération est "d'un nouveau genre", a plaidé le directeur de cabinet du préfet de police, Yann Drouet, car "l'ensemble des personnes vont subir un contrôle de leur situation administrative et seront ensuite orientées en fonction de leur situation".

"Les primo-demandeurs d'asile seront orientés dans le dispositif national afin de poursuivre leur démarche en France. Les personnes connues dans un autre Etat membre seront prises en charge temporairement le temps que soit organisé leur retour vers cet Etat membre, qui a seul vocation à instruire leur demande d'asile. Les personnes déboutées du droit ou en situation irrégulière auront vocation à être reconduites à la frontière", ont détaillé les préfectures de police et d'Ile-de-France.

"Nous sommes en train de réétudier le dispositif" pour "faire en sorte qu'il n'y ait plus ces lieux de focalisation mais que l'on puisse accueillir (ces migrants) dans le dispositif national d'asile, peut-être en amont de Paris", a affirmé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb sur RTL.

Certaines associations se disent préoccupées des intentions du gouvernement, qui a affiché sa volonté de distinguer réfugiés politiques et migrants économiques. "C'est très inquiétant, on se demande si ce +tri+ ne va pas commencer avec cette évacuation", explique le vice-président de l'association Utopia 56, Yann Manzi.

"Les gens se demandent aussi pourquoi il y a besoin de faire ce transitoire, et pourquoi on ne les met pas directement dans des centres non transitoires", a réagi Martine Le Poulonnec, 67 ans, dont l'immeuble du XVe arrondissement donne sur l'entrée du centre. "L'énorme problème, c'est le manque d'information, on nous a mis devant le fait accompli".

Le gouvernement a présenté mi-juillet un "plan migrants" prévoyant plus de 12.000 places d'hébergement pour les demandeurs d'asile et les réfugiés.

Dénoncé par les associations comme un "énième ajustement d'une politique sans cap", il prévoit notamment des efforts sur l'intégration et de ramener les procédures de demandes d'asile de 14 à six mois, et un durcissement des renvois pour les déboutés.

Fin juillet, Emmanuel Macron avait déclaré qu'il ne voulait "plus personne dans les rues, dans les bois" d'ici "la fin de l'année".

Un projet de loi doit également être présenté en septembre.

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