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26 juillet 2016: le terrorisme frappe en pleine messe

Le 26 juillet 2016, la vague terroriste qui frappe la France touche pour la première fois une église, celle de Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), une ville paisible et cosmopolite de la banlieue industrielle de Rouen, qui va devenir en quelques heures le lieu d'un drame au retentissement international.

Il est 09H00 quand le père Jacques Hamel, 85 ans, débute sa messe matinale devant une petite assistance: trois religieuses et un couple de paroissiens. C'est l'un de ses derniers offices du mois avant des vacances en Auvergne où il devait partir avec sa famille, installée en attendant au presbytère, tout près de là.

Cinq minutes plus tard, entré par la sacristie, derrière le chœur de l'église, un jeune homme en polo bleu ciel s'approche des fidèles. L'une des sœurs, Huguette Péron, 79 ans, va à sa rencontre. Il explique qu'il cherche des renseignements sur l'église. Elle lui conseille de revenir à la fin de l'office.

La courte messe se termine 20 minutes plus tard. Comme à son habitude, le père Hamel conclut en disant: "Allez, passez une bonne journée."

C'est alors que deux jeunes hommes pénètrent par la sacristie, en lançant des cris en arabe. Le jeune homme au polo bleu, Adel Kermiche, 19 ans, habitant la commune, est cette fois en tenue de combat, tout de noir vêtu. Son complice, du même âge, Abdel Malik-Petitjean, venant de Chambéry (Savoie), porte une barbe épaisse et un bonnet noir.

Ils sont armés de couteaux. Leurs pistolets et ceintures d'explosifs sont factices.

"Moi, quand je les ai vus rentrer, je me suis dit: +Ça y est, c’est fini+", témoignera sœur Danièle Delafosse, la supérieure des trois religieuses de Saint-Vincent-de-Paul.

Adel Kermiche fait s'agenouiller le prêtre qui se débat. Le père Hamel tombe sur le dos et s'écrie: "Satan va-t-en!" L'assaillant va lui porter un premier coup de couteau à la gorge. Puis un deuxième.

Dans la confusion qui règne dans l'église, vers 09H35, sœur Danièle s'échappe par une porte latérale et va prévenir le conducteur d'une fourgonnette qui, lui, appelle la police.

- État de siège -

À l'intérieur de l'église, les deux jihadistes, fichés S, qui se réclament de l'organisation État islamique (EI), s'en prennent au paroissien Guy Coponet, 86 ans, qu'ils ont obligé à filmer l'assassinat du prêtre avec un de leurs téléphones portables.

Sous les yeux de son épouse, ils le poignardent au bras, dans le dos et à la gorge. Le vieil homme s'écroule, mais survit. Il va simuler sa mort en tentant de contenir le sang qui s'échappe de son cou.

Les deux hommes s'approchent ensuite calmement des trois femmes otages et engagent la conversation. "Tant qu'il y aura les bombardements en Syrie, il y aura des attentats en France. Tous les jours", dit l'un deux. La discussion s'engage sur le terrain religieux.

Les agresseurs vont aussi chanter, porter de multiples coups de poignard à l'autel, vandaliser des objets de culte.

À l'extérieur, la BRI (Brigade de recherche et d'intervention) a pris position aux abords de l'église, dont les alentours sont sécurisés: les habitants vont être confinés chez eux et priés de fermer leurs volets, les passants écartés de la zone. Les policiers tentent alors de négocier avec les preneurs d'otage, puis d'investir l'église. En vain.

Quelques minutes plus tard, moins d'une heure après l'appel au 17, les jihadistes, dissimulés derrière leurs otages, sortent par la sacristie. Puis ils s'écartent et s'élancent, menaçants et armés, vers les forces de l'ordre. Ils sont abattus par le feu nourri des policiers.

L'otage gravement blessé est évacué - il s'en sortira après deux opérations chirurgicales.

Puis l'église est fouillée pendant plusieurs heures avec minutie: on craint que les assaillants y aient caché des explosifs. Un large périmètre autour de l'église est interdit d'accès. Saint-Étienne-du-Rouvray va rester ainsi plusieurs heures en état de siège.

En début d'après-midi, le président François Hollande fait une déclaration devant un mur de caméras, françaises et étrangères, qualifiant l'égorgement du prêtre d'"ignoble attentat terroriste".

"Ce sont les catholiques qui ont été frappés, mais ce sont tous les Français qui sont concernés", lance-t-il.

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