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Nouveau bilan de 86 civils tués dans l'attaque "chimique" en Syrie: voici ce que l'on sait

Un raid aérien a frappé mardi vers 07H00 (04H00 GMT) Khan Cheikhoun, une petite ville contrôlée par des rebelles et des jihadistes dans la province d'Idleb dans le nord-ouest de la Syrie.

Des images du correspondant de l'AFP montrent des corps sans vie sur la chaussée, d'autres pris de spasmes et de crises de suffocation.

Selon des médecins sur place, les symptômes relevés sur les patients sont similaires à ceux constatés sur des victimes d'une attaque chimique, notamment avec des pupilles dilatées, des convulsions et de la mousse sortant de la bouche.


L'OMS confirme

La nature du gaz toxique n'a pas encore été déterminée. Dans un communiqué, l'OMS souligne que "la probabilité d'une exposition à une attaque chimique est amplifiée par le manque apparent de blessures externes rapporté dans des cas montrant l'apparition rapide de symptômes semblables comprenant une détresse respiratoire aigüe comme principale cause de la mort". "Certains cas semblent présenter des signes compatibles avec une exposition à des produits organosphosphorés, une catégorie de produits chimiques incluant des agents neurotoxiques", ajoute l'OMS. 


Le bilan

Le bilan de l'attaque "chimique" contre la ville syrienne de Khan Cheikhoun s'élève à 86 morts, selon un nouveau bilan communiqué mercredi soir par le l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Le bilan précédent de l'Observatoire concernant l'attaque menée mardi faisait état de 72 morts, dont 20 enfants et 17 femmes, et 160 blessés. "Il y a 30 enfants et 20 femmes parmi les victimes", un bilan en hausse en raison du décès de blessés graves, précise mercredi soir l'OSDH.

Ces dizaines de personnes dont des enfants, le corps saisi de convulsions et peinant à respirer sous leurs masques à oxygène, ont péri dans un raid aérien mené mardi sur Khan Cheikhoun, un fief rebelle et jihadiste du nord-ouest syrien.

Selon des médecins sur place, les symptômes relevés sur les patients sont similaires à ceux constatés sur des victimes d'une attaque chimique, notamment avec des pupilles dilatées, des convulsions et de la mousse sortant de la bouche.

Qui est responsable?

Le régime de Bachar al-Assad pour de nombreux dirigeants, notamment occidentaux.

"Toutes les preuves que j'ai vues suggèrent que c'était le régime d'Assad (...) utilisant des armes illégales en toute connaissance de cause contre son propre peuple", a affirmé le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson.

Le président français François Hollande a évoqué "la responsabilité" d'Assad dans ce "massacre", tandis que la Maison Blanche a dénoncé un "acte odieux du régime" de Damas.

La coalition nationale, importante composante de l'opposition, a mis en cause le "régime du criminel Bachar".

Plus prudent, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déploré mercredi que "des crimes de guerres continuent" d'être commis en Syrie. Et l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura a assuré que l'ONU chercherait à faire "rendre des comptes" aux auteurs de cette attaque.

Une résolution présentée par Washington, Paris et Londres condamnant l'attaque et appelant à une enquête rapide doit être soumise au vote du Conseil de sécurité mercredi.


Qu'en disent le régime et ses alliés?

L'armée syrienne a démenti "catégoriquement avoir utilisé toute substance chimique ou toxique à Khan Cheikhoun".

Mercredi, la Russie, alliée du régime, a affirmé que l'aviation syrienne avait bombardé la veille près de Khan Cheikhoun un "entrepôt" des rebelles où étaient entreposés des "substances toxiques" destinés à des combattants en Irak.


Armes chimiques en Syrie

En août 2013, le régime a été accusé d'avoir utilisé du gaz sarin dans une attaque contre deux secteurs rebelles en périphérie de Damas qui avait fait plus 1.400 morts, selon Washington.

Le gouvernement a rejeté ces accusations et ratifié en 2013 la Convention sur l'interdiction des armes chimiques.

La Syrie est censée avoir détruit son arsenal chimique aux termes d'un accord américano-russe, mais le régime a été suspecté à plusieurs reprises d'avoir à nouveau utilisé des armes chimiques et mené des attaques au chlore.

En octobre 2016, le Conseil de sécurité avait reçu un rapport concluant que l'armée syrienne avait mené une attaque à l'arme chimique, sans doute du chlore, à Qmenas, dans la province d'Idleb, le 16 mars 2015.

Début mars, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a indiqué enquêter sur huit attaques présumées au gaz toxique commises en Syrie depuis le début de 2017.

Le régime et la Russie ont à maintes reprises accusé des groupes armés rebelles ou jihadistes d'avoir utilisé des armes chimiques.

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