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A Deir Ezzor, la vie reprend lentement après le siège de l'EI

Si la circulation reste largement à l'arrêt faute de carburant, la vie reprend sur les marchés des quartiers de Deir Ezzor loyaux au régime syrien, et désormais libérés d'un siège de près de trois ans par le groupe Etat islamique (EI).

Près d'une place de cette ville de l'est syrien décorée par une sculpture d'une traditionnelle cafetière arabe, deux agents de la circulation se tiennent debout en uniforme, surveillant le passage de rares voitures.

Depuis que l'armée syrienne a brisé le siège début septembre, seul quelques conducteurs ont pu se procurer du carburant.

Alors la plupart des véhicules restent garés le long des trottoirs, couverts de poussières ou de housses protectrices déchirées et les rues sont presque désertes.

Mais les allées des marchés de l'ouest de Deir Ezzor reviennent lentement à la vie.

Jeunes filles en jeans, les cheveux couverts par des voiles de couleurs, hommes en tenue traditionnelle, enfants en shorts déambulent devant les échoppes de nouveau approvisionnées.

Tout au long du siège, les quelque 100.000 habitants des quartiers gouvernementaux survivaient grâce aux aides larguées depuis des hélicoptères et envoyées par le régime ou l'ONU.

"Je vivais de boulgour et de céréales", se souvient Ahmed, quinquagénaire au visage émacié qui dit avoir perdu 40 kilos à cause du siège. "Mais aujourd'hui je me porte très bien", se réjouit-il.

- Marchés de nouveaux fournis -

Aujourd'hui, le temps des privations semble terminé, même si les combats se poursuivent dans d'autres parties de la cité encore aux mains des jihadistes de l'EI.

Sur le marché, un vendeur de grillades prépare des brochettes de poulets. Les galettes de pains sortent à la chaîne du four, fumantes.

Non loin de là, dans une boutique, un employé prépare un sandwich pour un client. Devant lui, des oeufs dur, des frites, des tranches d'aubergines, des falafels.

"Avant on devait utiliser du bois pour allumer le feu. la nourriture avait un goût de bois", explique un employé, qui précise que depuis la fin du siège il peut désormais se réapprovisionner en bonbonnes de gaz.

Chez le marchand de glace à l'italienne, des enfants agglutinés près de la machine attendent leur tour, près d'un portrait du président Bachar al-Assad accroché à l'entrée d'un magasin.

Tout au long du siège, les quartiers gouvernementaux ont été la cible des tirs d'obus des jihadistes.

Les destructions des bâtiments "dans les quartiers que nous contrôlons sont évaluées à 20%", a estimé le gouverneur de Deir Ezzor, Mohamed Ibrahim Samra, lors d'une rencontre avec des journalistes.

Selon lui, les dommages pourraient être bien plus élevés dans les quartiers encore aux mains de l'EI dans l'est de la ville et que l'armée syrienne cherche à reconquérir.

Dans l'ensemble de la province de Deir Ezzor dont l'EI s'était emparée en 2014, 80% des bâtiments auraient été détruits, selon des estimations circulant au sein des autorités.

"Il n'y avait pas un seul bâtiment intact" dans la banlieue de Boughaliya et le village d'Ayyache, au nord de Deir Ezzor, quand le régime est arrivé, déplore le gouverneur.

A Boughaliya, une journaliste de l'AFP a pu voir des pelleteuses s'activer pour déblayer les gravats, tandis que des employés de la municipalité en uniforme vert nettoyaient les rues envahies de débris en tous genres.

Au sud de Deir Ezzor, un aéroport militaire également assiégé par l'EI pendant près de trois ans est de nouveau en service.

La salle d'attente et la tour de contrôle endommagées "sont en train d'être rénovées", selon le directeur-adjoint qui ne veut pas donner son nom.

Les pistes d'atterrissages sont intactes et deux avions transportant du ravitaillement pour les forces du régime y ont atterri lundi, pour la première fois depuis des mois.

"L'aéroport est prêt à accueillir des avions militaires mais aussi civils", se réjouit le responsable.

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