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A Toronto, "Snowden" d'Oliver Stone, la fiction après le documentaire

Patriote, dissident ou traître? La nouvelle fiction biographique que le réalisateur américain Oliver Stone consacre au lanceur d'alertes Edward Snowden, invite le public à se faire sa propre opinion.

Avec Joseph Gordon-Levitt ("Inception") dans la peau de Snowden, le film dévoilé au festival de Toronto, retrace l'histoire de cet ex-consultant de l'agence de sécurité américaine NSA à l'origine de la plus grande fuite de données de l'histoire des Etats-Unis.

Les milliers de documents révélés par Snowden ont mis en lumière la surveillance américaine tentaculaire sur les communications dans le monde, déclenchant un vif débat sur le droit à la vie privée face aux agissements de l'Etat.

Ce film "montre deux formes de patriotisme. Celui qui s'apparente à une allégeance à votre pays sans vous poser de questions, et une autre forme de patriotisme que je voulais montrer dans ce personnage et qui est un patriotisme dans lequel j'ai grandi depuis le début de cette histoire et qui m'interpelle", a estimé samedi Joseph Gordon-Levitt.

"Nous avons le droit de poser des questions et de tenir le gouvernement pour responsable de ce qu'il a fait et les raisons pour lesquelles" il a mené cette surveillance planétaire, a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Toronto.

Le film s'inspire du livre "The Snowden Files" de Luke Harding, journaliste au quotidien britannique The Guardian, et de l'ouvrage "The Time of the Octopus" de l'avocat russe de Snowden, Anatoli Koutcherena.

Edward Snowden est toujours recherché par les autorités américaines, accusé d'espionnage et de vol de secrets d'Etat après avoir transmis en 2013 des documents classifiés aux journalistes Glenn Greenwald et Ewen MacAskill.

Cet épisode avait été magnifiquement relaté dans "Citizenfour" de la réalisatrice Laura Poitras, couronnée l'an dernier de l'Oscar du meilleur documentaire, montrant Snowden dans sa chambre d'hôtel de Hong Kong en juin 2013 après s'être enfui des Etats-Unis.

Après avoir déposé un dossier de demande d'asile aux bureaux de l'ONU à Hong Kong, Snowden est ensuite caché pendant une dizaine de jours dans un bidonville de la mégalopole où vivent des réfugiés tamouls. Il finit sa fuite en Russie, après la révocation de son passeport, où l'homme de 33 ans est toujours abrité avec un droit de résidence arrivant à expiration dans un peu plus d'un an.

Dans son film, Oliver Stone suit le parcours de Snowden, de l'armée à la CIA jusque dans ses fonctions de prestataire de la NSA, chaque plan exposant un peu plus les secrets de la surveillance en place: le monde est truffé de matériel électronique capable d'épier les activités de tout un chacun.

Fidèle à son image, Oliver Stone a dénoncé l'hypocrisie des responsables politiques en notant que les lanceurs d'alertes ont levé simplement une petite partie du voile de ce qui "est un véritable monde souterrain".

- 'Obama devrait pardonner' -

"Le monde est vraiment hors de tout contrôle et nous ne savons pas qui fait quoi et à qui", a estimé le réalisateur en déplorant le rôle du président Barack Obama dans la mise en place "de la surveillance la plus étendue qui n'ait jamais existée".

"M. Obama devrait pardonner (Snowden) et nous l'espérons", a déclaré Oliver Stone en souhaitant que le président ait soudainement "un éclair pour lui montrer la voie" à suivre dans cette affaire.

De son côté Sarah Harrison, représentante de Wikileaks et directrice de la Fondation Courage qui soutient Snowden, "espère que le film va contribuer aux efforts en vue de le réhabiliter".

Les lanceurs d'alertes sont mal protégés aux Etats-Unis et, a-t-elle confié à l'AFP, ils devraient "au moins avoir le droit de se défendre".

Le film attendu sur les écrans dans quelques jours, met également en vedette Shailene Woodley, dans le rôle de la fiancée de Snowden, et Melissa Leo dans celui de Laura Poitras.

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