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Affaire Grégory: lettre-testament du juge Lambert

L'ancien juge français Jean-Michel Lambert, chargé en 1984 d'instruire l'affaire Grégory et retrouvé mort le 11 juillet, a adressé une lettre à un quotidien dans laquelle il explique sa volonté de se donner la mort car il n'a "plus la force de (se) battre".

Relancée il y a plus d'un mois, cette affaire devenue l'un des plus grands fiascos de l'histoire judiciaire française, a pris un tour dramatique avec la découverte du corps du juge à la retraite à son domicile du Mans (ouest), la tête recouverte d'un sac en plastique.

"J'ai décidé de me donner la mort car je sais que je n'aurai plus la force désormais de me battre dans la dernière épreuve qui m'attendrait", écrit Jean-Michel Lambert dans une lettre adressée à L'Est républicain, quotidien régional de l'est de la France, où le corps sans vie du petit Gregory Villemin, quatre ans, avait été retrouvé le 16 octobre 1984 pieds et poings liés dans une rivière.

Cette lettre manuscrite, cachetée et datée du 11 juillet, a été envoyée au journal par la veuve du magistrat qui, une fois informée de son contenu, a autorisé sa publication, a précisé le quotidien à l'AFP.

Evoquant dans sa lettre l'affaire Grégory, le juge Lambert écrit : "Ce énième +rebondissement+ est infâme".

"Les événements depuis juin dernier sont voués normalement à l'échec", affirme l'ancien magistrat, très critiqué pour son rôle dans cette affaire.

"Pour ne pas perdre la face, on cherchera alors un bouc émissaire. Autant dire qu'il est tout trouvé…" écrit encore le juge. "Je refuse de jouer ce rôle. Si j'ai parfois failli, j'ai cependant la conscience parfaitement tranquille quant aux décisions que j'ai été amené à prendre."

Depuis plus d'un mois, Cette affaire de haines familiales et de lettres anonymes dans une vallée rurale des Vosges connaît de nouveaux rebondissements avec la mise en examen de la grand-tante et du grand-oncle de Gregory pour enlèvement et séquestration suivie de mort, ainsi que l'inculpation pour enlèvement d'un témoin-clef, Murielle Bolle.

A l'époque des faits, cette dernière, alors âgée de 15 ans, avait dénoncé son beau-frère, Bernard Laroche, comme étant le ravisseur de Grégory. Bernard Laroche avait été tué par le père de Grégory, Jean-Marie Villemin. Murielle Bolle était ensuite revenue sur ses déclarations.

"Je proclame une dernière fois que Bernard Laroche est innocent", soutient dans sa lettre Jean-Michel Lambert, dont les soupçons s'étaient tournés vers la mère du petit garçon, Christine Villemin, qu'il avait inculpée d'assassinat.

Elle a été définitivement innocentée par la justice au début des années 1990.

"On ne connaîtra jamais la vérité, parce qu’on refuse de voir la vérité", conclut l'ancien magistrat. "Je préfère sonner la fin de partie pour moi. L’âge étant là, je n’ai plus la force de me battre. J’ai accompli mon Destin".

Les obsèques de l'ancien magistrat auront lieu ce jeudi en la cathédrale du Mans.

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