Accueil Actu

Afghanistan: des centaines de personnes aux funérailles d'une femme lynchée

Des centaines de personnes ont assisté dimanche à Kaboul aux funérailles d'une femme lynchée jeudi par une foule dans la capitale afghane après avoir été accusée d'avoir brûlé un exemplaire du coran, a rapporté un journaliste de l'AFP.

La cérémonie, qui a eu lieu au cimetière du quartier de Panjsad Families (nord de Kaboul), s'est déroulée dans le calme dimanche matin. Plusieurs membres du Parlement afghan y ont assisté, ainsi que des responsables gouvernementaux.

Fait rare en Afghanistan, ce sont des femmes, militantes et membres de la société civile qui ont porté au cimetière le cercueil de la victime, Farkhunda, 27 ans.

La foule a crié "Dieu est grand" en demandant au gouvernement de mener les coupables devant la justice.

"C'est un crime contre cette famille, un crime contre une soeur et un crime contre l'humanité", a lancé au micro, Bari Salam un militant des droits de l'Homme.

Najeebullah, le frère de la victime, a dit à l'AFP lors des funérailles que sa soeur était "profondément religieuse, (et qu'elle) récitait le Coran et priait cinq fois par jour".

Jeudi, une foule dense avait battu à mort une femme soupçonnée d'avoir brûlé un exemplaire du Coran près de la mosquée du quartier de ShahDo Shamshera, dans le centre de Kaboul.

Cette femme, dont le corps a été jeté dans le lit du fleuve Kaboul avant d'être enflammé, était traitée depuis quatre ans pour des troubles psychiatriques, selon la police.

Le président Ashraf Ghani avait fermement condamné cet acte vendredi, ajoutant qu'il entrait "clairement en contradiction avec la charia (loi islamique) et le système de justice islamique".

Le président Ghani a également ordonné une enquête sur l'affaire. Et 13 suspects ont été arrêtés, selon la police.

"Nous en avons arrêté 13 en relation avec le meurtre de Farkhunda, même s'ils sont 100, nous les arrêterons tous", a assuré à l'AFP le général Zahir Zahir, chef des investigations criminelles au ministère de l'Intérieur.

Par ailleurs, l'officier a ajouté que huit policiers avaient également été arrêtés dans cette affaire. Beaucoup de témoins ont affirmé que la police n'était pas intervenue pendant le lynchage.

M. Ghani a estimé que l'incident souligne un "problème fondamental", selon lui, car "presque 90% des tâches de la police sont dédiée aux combats (antiterroristes), ce qui n'est pas leur rôle constitutionnel". Le président a ensuite ajouté que "l'application de l'Etat de droit est crucial" pour le pays.

La mission de l'ONU en Afghanistan (Unama) a également condamné cet acte vendredi.

Les images choquantes de la victime, photo et vidéo réalisées sur téléphones portables, ont été largement diffusées sur les réseaux sociaux. On y voit toute la séquence du lynchage et du corps en train de brûler.

En 2012, la révélation de l'incinération d'exemplaires du Coran sur la base américaine de Bagram avait provoqué cinq jours de violentes émeutes antiaméricaines et d'attentats. Une trentaine de personnes avaient été tuées.

À la une

Sélectionné pour vous