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Afrique du Sud: accusé d'avoir massacré sa famille, Van Breda plaide non coupable

Le fils d'une riche famille de la région du Cap a nié lundi avoir massacré ses parents et son frère à coups de hache, au premier jour d'un procès pour meurtre au coeur des beaux quartiers sud-africains qui passionne le pays.

Costume et cravate sombre, cheveux blonds soignés, rasé de près, Henri van Breda, 22 ans, semble tout droit sorti de l'une de ces universités huppées où, près d'un quart de siècle après la chute de l'apartheid, les étudiants blancs sont encore majoritaires.

Assis, tête basse, dans le box des accusés d'un tribunal du Cap, il a plaidé "non coupable".

"Je nie être coupable des crimes qui me sont reprochés", a-t-il affirmé dans une déposition lue par son avocat, Pieter Botha.

Le 27 janvier 2015 au petit matin, les corps sans vie de Martin, Teresa et Rudi van Breda sont retrouvés dans leur luxueuse propriété de Stellenbosch, la capitale sud-africaine du vin. Leurs plaies indiquent qu'ils ont été assassinés à coups de hache.

Deux membres de la famille ont survécu au carnage.

Il y a d'abord Marli, la cadette âgée de 16 ans. Grièvement atteinte au cou et à la tête, elle restera six semaines dans le coma. Elle souffre aujourd'hui d'amnésie rétrograde.

Et il y a Henri, 20 ans à l'époque, légèrement blessé à coups de couteau, qui fait figure de rescapé miraculeux. Aux policiers, il affirme alors que sa famille a été victime d'un intrus cagoulé.

Mais sa version est très vite mise en doute. Faute de preuves flagrantes, il ne sera inculpé qu'un an et demi plus tard.

Lundi, Henri van Breda a répété sa version des faits. Après une soirée "normale" en famille, il a raconté dans sa déposition avoir entendu de "bruyants claquements" après s'être réveillé dans la nuit pour aller aux toilettes. C'est alors qu'il a vu l'intrus en train d'attaquer son frère Rudi avec une hache.

- Appel au secours -

Ses appels à l'aide attirent alors son père, poursuit-il, qui tente de neutraliser l'agresseur.

"Il a été frappé alors qu'il se jetait sur l'assaillant. Il a été touché plusieurs fois et je me souviens que l'agresseur riait alors qu'il frappait mon père", décrit l'accusé.

Selon sa version, l'assaillant se rend alors dans une autre pièce pour s'en prendre aux femmes de la famille.

Henri van Breda explique qu'il a tenté de maîtriser l'assaillant mais que celui-ci a réussi à lui porter quelques coups de couteau avant de prendre la fuite. Après avoir tenté en vain de poursuivre le meurtrier, le jeune homme se serait évanoui.

"Je me suis réveillé dans l'escalier, je ne sais pas combien de temps je suis resté inconscient", assure-t-il, "je suis allé à la cuisine et j'ai essayé plusieurs fois d'appeler les secours".

Même détaillé, son récit n'a pas éclairci les nombreuses zones d'ombre qui entourent l'affaire.

Pourquoi Henri van Breda a-t-il mis quatre heures avant de téléphoner aux secours ? Pourquoi l'entend-on clairement rire nerveusement sur un enregistrement audio de cet appel ? Etait-il accro au "tik", cette drogue dérivée de la métamphétamine qui engendre des comportements ultra-violents ?

Lundi, le policier arrivé le premier sur la scène de crime a déjà commencé à contester la version de l'accusé.

A la barre, Adrian Kleynhans a décrit avoir trouvé un Henri van Breda devant la maison, couvert de sang et à l'haleine chargée d'alcool. "Je lui ai demandé s'il était seul dans la maison. Il m'a dit non, que ses parents avaient été attaqués avec une hache".

Le policier a toutefois assuré n'avoir décelé aucune trace d'effraction, ni de tentative de cambriolage.

L'affaire suscite un vif intérêt dans une Afrique du Sud habituée au crime, mais rarement au sein de ses communautés les plus favorisées. La défense a toutefois jusque-là réussi à empêcher la retransmission du procès en direct.

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