Accueil Actu

Arménie: manifestation anti-Sarkissian pour la septième journée consécutive

Quelques milliers de personnes ont manifesté jeudi à Erevan contre l'ex-président arménien Serge Sarkissian, devenu Premier ministre aux pouvoirs renforcés, pour la septième journée consécutive de protestation.

Descendus dans la rue à l'appel du député et leader de l'opposition Nikol Pachinian, les protestataires s'étaient rassemblés près du siège du gouvernement où le nouveau cabinet de ministres se réunissait pour la première fois. Certains brandissaient des portraits de Serge Sarkissian sur lesquels était écrit "Dictateur!".

"Serge Sarkissian (...), nous sommes venus vous dire que le peuple vous déteste", a lancé M. Pachinian, dans un mégaphone.

"Les Arméniens sont prêts à lutter pour leur avenir, notre victoire est imminente", a déclaré à l'AFP un manifestant, Missak Mesropian.

Face aux manifestants, d'importants effectifs de police et des forces antiémeute, équipés de casques et de boucliers protecteurs, ont été déployés sur la place de la République, au centre de la capitale Erevan.

Plusieurs dizaines de manifestants, qui avaient déjà tenté dans la matinée de bloquer l'entrée du siège du gouvernement, ont été interpellés, selon une journaliste de l'AFP.

Les protestataires accusent Serge Sarkissian, qui vient d'achever son deuxième et dernier mandat présidentiel de vouloir rester au pouvoir à vie après s'être fait élire mardi Premier ministre par le Parlement à la suite d'une révision constitutionnelle controversée qui lui donne l'essentiel du pouvoir.

Jeudi, M. Pachinian a appelé la police à "arrêter de protéger les bâtiments gouvernementaux, parce qu'ils appartiennent au peuple, et non pas à Sarkissian qui s'est emparé du pouvoir en Arménie".

"Les protestations doivent continuer si nous voulons que Serge (Sarkissian) finisse par démissionner", a estimé un protestataire, Rouben, retraité de 67 ans.

Pour sa part, le nouveau président, Armen Sarkissian, sans lien de parenté avec son prédécesseur et qui a prêté serment la semaine dernière, a appelé "toutes les parties à entamer un dialogue pour trouver la meilleure solution".

- " Bon sens " -

Le chef de l'Eglise arménienne, le catholicos Karékine II, a exprimé sa "préoccupation", en appelant, dans un communiqué, "tous les enfants du peuple arménien à faire preuve de bon sens et de sagesse lorsqu'ils manifestent leur patriotisme".

De son côté, la police arménienne a accusé les organisateurs des protestations de "tenter de provoquer des affrontements entre des civils et des policiers".

Jeudi matin, des centaines de manifestants ont défilé dans Erevan, perturbant la circulation automobile dans les quartiers d'habitation. Ils posaient sur le pare-brise des bus des tracts en faveur des changements et scandaient des slogans antigouvernementaux.

Plusieurs automobilistes klaxonnaient en signe de soutien aux manifestants, répondant ainsi à l'appel de Nikol Pachinian : "Si tu es contre Serge, klaxonne !"

Mercredi soir, au moins 16.000 personnes ont manifesté à Erevan à l'appel de Nikol Pachinian, qui a proclamé le "début d'une révolution de velours" en Arménie et prôné une campagne nationale de "désobéissance civile".

Jusqu'à présent la manifestation la plus importante a eu lieu mardi réunissant quelque 40.000 personnes à Erevan, pour le plus grand rassemblement de ces dernières années dans ce petit pays du Caucase.

Depuis une révision de la Constitution, le président de cette ex-république soviétique exerce des fonctions essentiellement protocolaires tandis que le chef du gouvernement dispose de pouvoirs étendus.

L'opposition affirme que cette réforme avait pour unique but de maintenir au pouvoir Serge Sarkissian, un ancien officier de l'armée qui occupait le poste de chef de l'Etat depuis 2008 après avoir déjà été Premier ministre en 2007-2008.

Depuis le début du mouvement de contestation, des actions de protestation ont également eu lieu dans les deux autres plus grandes villes d'Arménie, Guioumri et Vanadzor.

Jeudi, une nouvelle manifestation a eu lieu à Guioumri. Un manifestant a été blessé lors d'un bref affrontement avec la police qui a également procédé à plusieurs interpellations.

À lire aussi

Sélectionné pour vous