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Législatives Australie: conservateurs et travaillistes au coude à coude

Les Australiens ont voté samedi pour trancher entre la coalition conservatrice au pouvoir et l'opposition travailliste, un scrutin législatif dont l'issue s'annonce serrée malgré la confiance affichée par le Premier ministre sortant.

Malcolm Turnbull, 61 ans, a estimé qu'il serait en mesure de former un gouvernement malgré l'absence de victoire claire de son parti. "On peut avoir toute confiance dans le fait que nous pourrons former une majorité de coalition dans le nouveau Parlement", a déclaré M. Turnbull dimanche matin.

Pourtant dans cet immense pays, soumis ces dernières années à une valse des Premiers ministres, les premiers résultats donnaient M. Turnbull au coude à coude avec le chef de l'opposition, l'ancien leader syndical Bill Shorten, 49 ans.

Quelque 15,6 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour désigner 150 membres de la Chambre des représentants et 76 sénateurs.

M. Turnbull aimerait légitimer le "putsch" interne à son Parti libéral - principale formation de la coalition sortante - qui lui avait permis d'évincer en septembre Tony Abbott, dont il était ministre.

Après une campagne terne, M. Turnbull a utilisé le choc provoqué par la décision des Britanniques de quitter l'Union européenne pour jouer la carte de la stabilité économique, alors que les principaux médias australiens se sont rangés sous sa bannière.

Cet ancien banquier d'affaires multimillionnaire a martelé ces derniers jours l'impératif de maintenir le cap face aux craintes des répercussions économiques mondiales du Brexit.

"Nous devons résister, nous devons avoir un plan qui réponde aux nécessités de l'époque, une époque de défis et d'opportunités", a souligné celui qui fut également journaliste et avocat.

- Le poids des petits partis -

Depuis l'arrivée du travailliste Kevin Rudd en 2007 à la tête du gouvernement, après une décennie de "règne" du libéral John Howard, la politique australienne a été particulièrement mouvementée.

Kevin Rudd a été renversé par la travailliste Julia Gillard en 2010 avant de lui reprendre le pouvoir en 2013, et de le céder à nouveau quelques mois plus tard lors des législatives à Tony Abbott, lui-même renversé en septembre par M. Turnbull.

Le prochain scrutin devait intervenir avant janvier 2017. Malcolm Turnbull a choisi de l'avancer pour asseoir sa majorité au Sénat.

L'équilibre du pouvoir à la chambre haute dépend actuellement d'élus indépendants ou issus de partis minoritaires, qui ont bloqué certaines de ses réformes.

Mais M. Turnbull pourrait regretter sa décision si le scrutin se termine sans majorité claire, notamment si ces indépendants ou partis minoritaires gagnent des sièges, sur fond de lassitude face à l'éternelle alternance entre libéraux et travaillistes.

Pour l'emporter à la chambre basse, le camp travailliste doit gagner au moins 19 sièges tandis que les conservateurs peuvent se permettre de perdre 13 sièges.

Les travaillistes ont mené une campagne classique, promettant des investissements dans la santé et l'éducation, davantage de justice fiscale et le développement des énergies renouvelables.

- Expertise et climat -

"Ce qui va trancher cette élection ce sont les intérêts des classes ouvrière et moyenne", a déclaré Bill Shorten, dans une ultime tentative pour gagner des électeurs.

Malcolm Turnbull a fait campagne sur l'expertise économique de son équipe, au moment où l'Australie, qui n'a pas connu de récession depuis 25 ans, négocie la fin de l'âge d'or minier.

Il a promis des réductions d'impôts et défendu sa politique migratoire très controversée.

L'Australie repousse systématiquement les bateaux de clandestins l'approchant. Ceux qui arrivent à débarquer sont détenus dans des camps offshore sans aucun espoir d'obtenir l'asile sur le sol australien.

Fustigée par les défenseurs des droits de l'Homme, cette politique présentée par Canberra comme nécessaire pour dissuader les réfugiés d'entamer de périlleuses traversées ne devrait pas évoluer en cas de victoire travailliste.

Autre question fondamentale, le réchauffement climatique, illustré cette année par le pire épisode de blanchissement de corail sur l'emblématique Grande Barrière.

On disait M. Turnbull plus sensible aux sujets environnementaux que son prédécesseur. Mais il n'a pas varié d'un iota, confirmant des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui sont, de l'aveu même de l'organe consultatif australien sur le climat, largement insuffisants.

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