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Battisti à l'AFP: Une extradition serait "illégale"

Une extradition vers l'Italie serait "illégale" et l'exposerait à "la torture ou à un assassinat", a affirmé l'ex-militant d'extrême gauche italien Cesare Battisti dans une interview à l'AFP.

Cette extradition, demandée instamment par Rome à Brasilia, dépend désormais d'une décision de la Cour suprême brésilienne sur une requête des avocats de l'Italien pour l'empêcher, a annoncé vendredi le ministère de la Justice.

Le président Michel Temer serait favorable à un geste diplomatique fort envers l'Italie, ulcérée des refus à répétition de livrer Battisti. Mais il préfère attendre l'avis de la Cour plutôt que de prendre le risque de voir une extradition bloquée par la justice, selon des sources au palais présidentiel.

"Mon extradition serait illégale", a déclaré Battisti dans un courriel reçu tard vendredi, répondant par écrit à des questions de l'AFP.

Il a cité un décret signé par l'ancien président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva au dernier jour de son mandat en 2010 rejetant son extradition et "qui ne peut plus être révoqué depuis deux ans". Battisti a également invoqué l'existence de son jeune "fils brésilien mineur".

Interrogé sur ses craintes en cas d'extradition, Battisti a répondu: "la torture et l'assassinat". "Il y a eu de nombreuses fois où j'ai été menacé par des policiers, des militaires, des hommes politiques et jusqu'à l'ex-ministre (de la Défense) Ignazio La Russa, du gouvernement de Silvio Berlusconi", a-t-il affirmé.

L'Italien a été condamné en 1993 par contumace par la justice de son pays à la réclusion à perpétuité pour quatre meurtres et complicité de meurtres à la fin des années 1970. Il a toujours clamé son innocence des crimes dont il a été accusé.

Entre prison, cavale et asile politique, Cesare Battisti, aujourd'hui âgé de 62 ans, a vécu en Italie puis près de 15 ans en France, avant de rejoindre le Brésil en 2004.

Il a été arrêté début octobre lors d'un contrôle de police dans la ville frontalière de Corumba alors qu'il s'apprêtait à quitter le pays pour la Bolivie. Placé en détention, il a été rapidement libéré grâce à une intervention de ses avocats.

- 'Aucun crime' -

Accusé d'avoir voulu quitter le pays en possession d'une somme de devises non autorisée, Battisti estime être tombé dans un piège à la frontière bolivienne.

"Nous étions trois amis" à bord du taxi bolivien et "nous avions à nous trois 6.000 euros, il est donc faux (de dire) que nous avons violé la loi sur les (transports de) devises", qui autorise un plafond de près de 3.000 euros par personne, écrit-il.

"Il n'y a eu aucun crime", poursuit Battisti, qui a assuré avoir voulu faire des achats côté bolivien, alors que le juge brésilien qui avait ordonné sa détention l'a soupçonné d'avoir tenté de fuir le pays pour éviter son extradition.

Cesare Battisti a indiqué être "confiant dans la décision" de la Cour suprême du Brésil, qui, selon l'un de ses juges, devrait intervenir le 24 octobre. Ce même juge, Luiz Fux, a décidé que l'Italien ne pourrait pas extradé d'ici là.

Battisti a estimé à "moins de 50%" son risque d'être extradé. "Nous attendons que la Cour suprême se prononce sur l'habeas corpus", a-t-il dit au sujet de la requête de ses avocats.

En attendant cette décision, l'ex-militant de l'extrême gauche italienne vit au domicile d'un ami dans la bourgade de Cananeia, au sud de Sao Paulo (sud-est).

Battisti, qui a refait sa vie au Brésil et a un garçon de quatre ans, s'est refusé à préciser s'il était toujours marié. "Je comprends que c'est une question importante" au regard d'une éventuelle extradition, "mais depuis 30 ans ma vie personnelle a été très prise dans ces problèmes judiciaires".

Rome a multiplié ces dernières années les demandes d'extradition à l'encontre de Battisti, incarnation des "années de plomb" en Italie. La dernière remonte au 25 septembre.

Battisti a affirmé par le passé préférer "mourir au Brésil que retourner en Italie".

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