Accueil Actu

Une peine de 27 ans de réclusion requise dans l'Ain contre une mère infanticide

Une peine de 27 ans de réclusion, assortie d'une période de sûreté des deux tiers, a été requise à l'encontre d'Audrey Chabot, jeudi, devant les assises de l'Ain, pour les meurtres "innommables" de deux nouveau-nés, retrouvés dans son congélateur en 2013.

L'audience devait reprendre à 14H00 avec les derniers mots de l'accusée. Verdict en fin d'après-midi.

Cette mère de 34 ans est jugée en récidive depuis cinq jours après avoir été condamnée pour un premier infanticide commis en 2002: les assises de l'Ain, déjà, lui avaient infligé 15 ans de réclusion en 2005. Mais elle avait été libérée à mi-peine en décembre 2010, les psychiatres estimant qu'elle "ne présentait pas de risques de récidive".

"Je n'évacuerai pas la responsabilité de l'institution, car il y a eu aussi dysfonctionnement", a déclaré l'avocat général Denis Mondon en préambule d'un réquisitoire très méthodique. Il a notamment évoqué le fait que l'on "n'avait pas vérifié" que Mme Chabot se soumettait bien au "suivi psychologique" ordonné par la justice dans le cadre de sa libération conditionnelle.

"Mais vous n'êtes pas une commission disciplinaire", a-t-il dit à la cour avant de revenir sur ces meurtres "innommables". Des "faits d'une violence extrême", une "récidive", semble-t-il unique dans les annales de la justice "à si brefs délais". "Elle en a assassiné un (en 2002) et commis des meurtres aggravés sur deux autres, c'est exceptionnel."

"Le vrai mobile", a-t-il dit, "est que ces personnes humaines ont été considérées comme des objets".

-'Un procès n'est pas la vengeance de la victime'-

"Il faut se souvenir qu'un procès pénal n'est pas la vengeance de la victime. L'intérêt général, ce n'est pas la peine maximale", a souligné le magistrat.

Il a estimé, suivant les experts psychiatres, que cette dernière avait une "altération du discernement" lorsqu'elle avait noyé dans le bac à douche ses deux nouveau-nés, l'un en 2011 six jours après sa naissance et l'autre en 2012. Ce qui la rend passible de 30 ans de réclusion.

"Il s'agit d'une personnalité complexe avec des failles sérieuses", a-t-il dit à propos de cette ancienne serveuse, décrite au fil des débats comme enjouée et très travailleuse, mais aussi immature et menteuse.

"Je lui reproche d'avoir escroqué le juge d'application des peines et l'administration pénitentiaire", a déclaré M. Mondon demandant aussi à la cour de retirer "à hauteur de 31 mois" la réduction de peine qu'elle avait obtenue après sa première condamnation.

L'avocat général a par ailleurs réclamé dix ans d'interdiction des droits civiques, civils et de famille, ainsi qu'une interdiction définitive d'exercer une profession en contact avec des mineurs, 30 ans de suivi socio-judiciaire et une injonction de soins.

"Avant de juger l'horreur du crime, vous essaierez de comprendre pourquoi elle est devenue pour la 2ème et 3ème fois une criminelle", a plaidé son avocat, Me Jean-François Canis demandant à la cour de "ne pas faire présider l'indignation dans leur décision".

Il a évoqué cette jeune femme qui, à peine sortie de prison, se retrouve enceinte "dans un isolement total" et "n'ose pas le dire" à son amant pour qui elle a une "dépendance affective", quand lui axe leur relation "sur le sexe" et le "confort domestique".

"Elle n'a pas de haine. Elle s'est enfermée dans le mensonge et la dissimulation car elle se sent indigne d'être mère" et "se perçoit comme un objet", a-t-il dit, appelant la cour à "l'empathie" face à cette "détresse abyssale".

"Au-delà des faits et de la colère, il peut y avoir de la pitié", a encore dit l'avocat soulignant que le risque de récidive "n'existera pas", sa cliente ayant décidé "de se faire ligaturer les trompes".

À la une

Sélectionné pour vous