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Brésil: quatre morts violentes en cinq jours dans une favela de Rio

Quatre personnes ont été tuées en cinq jours lors d'opérations policières dans le Complexe d'Alemao, une des plus grandes favelas de Rio de Janeiro, ont indiqué les autorités locales.

Selon une porte-parole de l'Unité de Police Pacificatrice (UPP) d'Alemao, structure de police de proximité installée sur place depuis 2012, trois personnes sont mortes vendredi et un garçon de 13 ans a perdu la vie lundi, atteint par une balle perdue.

Les opérations, qui ont commencé vendredi, visaient à encadrer l'installation d'une tour blindée de la police dans un point stratégique au cœur de ce quartier.

La porte-parole de l'UPP a expliqué à l'AFP que les morts de ces dernier jours étaient dus à des échanges de tirs entre policiers et trafiquants de drogue qui occupaient les lieux.

Le décès de Pedro Henrique Oliveira, 13 ans a provoqué une grande émotion et un fort sentiment de révolte.

Mercredi, environ 150 habitants se sont rendus à l’enterrement, selon un photographe de l’AFP, dans un cimetière non loin de la favela. La plupart d'entre eux pleuraient, notamment les enfants.

Mardi, une manifestation a rassemblé plus de 200 personnes brandissant des drapeaux blancs et réclamant la fin des opérations policières, aux cris d'"UPP dehors", selon la presse locale.

Dans un premiers temps pacifique, la manifestation a dégénéré quand un petit groupe a jeté des pierres sur un bus.

Le site "A Voz da Comunidade" (La voix de la communauté, créé par des jeunes de la favela pour informer la population en temps réel sur les problèmes de violence, recense 11 morts et 27 blessés depuis le début de l'année à Alemao, chiffre non confirmé par les autorités.

"Depuis juillet, il y a eu 226 échanges de tirs. Depuis vendredi, on en est à 12 par jour", déplore Renato Silva, un des collaborateurs du site, qui publie régulièrement des messages d'alerte sur Facebook pour recommander aux habitants de ne pas sortir de chez eux.

"La tour blindée symbolise la perte de toute légitimité de cette notion de police de proximité. La politique de sécurité de l’État n’a plus aucun sens", analyse la sociologue Silvia Ramos dans le quotidien O Globo.

Les UPP ont été installées dans de nombreuses favelas à partir de 2008 pour occuper le terrain et soustraire les habitants à l'influence des trafiquants, mais les épisodes violents se sont multipliés ces derniers mois.

"Nous vivons le pire moment des dix dernières années à Rio. Les policiers sont démotivés et désespérés. C'est une vraie régression", assure Antonio Carlos Costa, président de l'ONG Rio de Paz, cité par le journal O Dia.

Depuis de début de l'année, 58 policiers ont été assassinés à Rio, selon les chiffres officiels.

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