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Calais: un migrant tué lors d'une nuit de rixes dans la "Jungle", une première

Un Ethiopien a été tué dans la nuit de lundi à mardi, alors qu'avaient lieu deux rixes entre migrants dans la "Jungle" de Calais, une première qui est la probable conséquence d'un regain de tension observé par les associations.

Deux rixes successives, à 01H30 et 04H00, ont éclaté entre des dizaines de migrants africains (Ethiopiens, Soudanais et Erythréens) et afghans, qui se sont échangés coups de couteau et de bâton, a rapporté la préfecture du Pas-de-Calais à l'AFP. Elles ont fait six blessés dont un grave, nécessitant plusieurs interventions de la police.

Un migrant éthiopien, âgé de 37 ans, est mort transpercé au thorax par un coup de couteau. Mais il a été retrouvé dans son cabanon à l'intérieur du camp, alors que les rixes ont eu lieu à proximité immédiate de la "Jungle", a souligné mardi soir auprès de l'AFP la préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio, pour qui le lien entre les deux n'est pas pour l'heure établi.

Les rixes avaient pour motif le contrôle d'une zone proche de la rocade portuaire permettant aux migrants de tenter de passer en Angleterre, a-t-elle indiqué, rappelant que l'enquête de la police judiciaire devait faire la lumière exacte sur les faits.

Christian Salomé et le chargé de mission à Calais pour le Secours catholique, Vincent De Coninck, ont pour leur part insisté sur le fait que les rixes ont opposé Oromos et Amharas, deux ethnies éthiopiennes traditionnellement antagonistes dans leur pays, et qu'elles avaient débouché sur la mort de l'un d'entre eux.

Selon ces associatifs, le déclencheur des affrontements a été le coup de folie inexpliqué d'un des migrants, sous l'effet de l'alcool.

Le calme est revenu dès mardi matin et a perduré toute la journée, a constaté un journaliste de l'AFP.

Il s'agirait du premier tué au cours d'une rixe entre migrants depuis la formation de la "Jungle" au printemps 2015. Le 26 mai, des affrontements entre Afghans et Soudanais avaient fait 40 blessés.

- Explosion de la 'cocotte-minute' -

Le drame intervient dans un climat de tensions accrues observé par plusieurs associations ces dernières semaines.

"Les autorités cherchent à nous épuiser physiquement, mentalement et économiquement", a dénoncé un "relai communautaire" éthiopien, cité par Vincent de Coninck.

"C'est notamment la conséquence de la fermeture des restaurants, qui perturbe l'équilibre instable du camp", a abondé Christian Salomé, président de "L'Auberge des migrants".

La semaine dernière, les autorités avaient, au cours de trois jours de contrôle dans la "Jungle", fermé 62 commerces et restaurants informels, et placé 18 de leurs propriétaires en garde à vue. L'objectif annoncé était de freiner la prolifération de ces lieux de vente, centraux dans la vie sociale de la "Jungle", mais qui selon l'Etat "génèrent des troubles à l'ordre public et entretiennent une économie souterraine".

"C'est d'abord aux migrants que nous avons pensé quand nous avons décidé de cette opération", a fait valoir la préfète mardi soir. "Trouver 91 kilos de viande avariée dans ces restaurants, des migrants qui s'alcoolisent avant d'aller sur la rocade et affronter les policiers, ce n'était pas souhaitable pour la sécurité des migrants eux-mêmes".

Dès le démantèlement de la partie sud de la "Jungle", en mars, de nombreux militants associatifs avaient averti que la concentration extrême des migrants sur la partie nord, exacerbée par l'augmentation continue de leur nombre, produirait un effet "cocotte-minute" débouchant nécessairement sur une explosion. "Il y a de plus en plus de monde sur le site, c'est très tendu", confirme ainsi Stéphane Duval, directeur de La Vie active, qui gère le centre d'accueil officiel Jules Ferry.

Presque chaque nuit, un jeu du chat et de la souris a lieu sur la rocade portuaire entre des migrants organisés qui veulent monter dans les poids lourds en partance vers l'Angleterre et les CRS.

Environ 4.500 migrants selon les autorités et entre 6.000 et 7.000 selon les associations vivent dans la "Jungle" de Calais, dans l'espoir de rejoindre l'Angleterre.

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