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Incertitude et attente pour près de 200.000 évacués du barrage d'Oroville

Près de 200.000 habitants de Californie restaient mardi sous ordre d'évacuation sans avoir aucune idée de quand ils pourront regagner leurs domiciles, menacés d'inondations dantesques près du plus haut barrage des Etats-Unis, endommagé.

Le gouverneur de Californie Jerry Brown, qui a déclaré l'état d'urgence pour mobiliser les ressources locales, avait demandé lundi l'aide fédérale dans une lettre au président Donald Trump, soulignant "la gravité" de la situation.

Le porte-parole de la Maison Blanche Sean Spicer a assuré mardi que le président américain "surveille de près la situation", qualifiant cette crise de "cas d'école illustrant le besoin d'un programme de grands travaux d'infrastructures au Congrès".

"Les barrages, ponts, routes et ports à travers le pays sont en mauvais état et, pour éviter un futur désastre, nous allons suivre la vision du président pour une modernisation des infrastructures croulantes de la nation", a-t-il ajouté.

Le shérif du comté de Butte, où se trouve Oroville, a laissé entendre que l'ordre d'évacuation concernant 188.000 personnes pourrait rester en vigueur jusqu'au passage de nouveaux tombereaux de pluie attendus à partir de jeudi, qui menacent de remplir à ras-bord le barrage. Soit au moins dix jours.

- Une heure pour fuir -

"On a eu moins d'une heure pour se préparer. On a pris ce qu'on pouvait et on est sortis. Je sais qu'ils vont réparer (le barrage) mais je ne sais pas combien de temps ça va leur prendre", résume Patricia, installée dans une vaste salle municipale de Roseville où 200 familles se sont réfugiées.

Le barrage d'Oroville au nord de la Californie est le plus haut des Etats-Unis (235 mètres) et l'une des principales réserves d'eau de la région. Après des années de sécheresse, il a presque atteint sa pleine capacité à la suite d'une succession de tempêtes cet hiver.

Ses deux déversoirs ont dû être activés mais ils ont été rapidement endommagés. Une partie du déversoir principal s'est écroulée. Et le déversoir d'urgence, activé pour la première fois depuis l'inauguration il y a 50 ans par Ronald Reagan, a quant à lui commencé à s'éroder.

Il menace de déverser des torrents d'eau en aval au lieu de les canaliser vers le fleuve Feather.

Le barrage lui-même n'est pas abimé mais la presse locale évoquait un scénario catastrophe au cours duquel l'érosion du déversoir d'urgence entraînerait des glissements de terrain, ce qui pourrait déstabiliser le géant mur de béton qui retient l'eau et provoquer une inondation monumentale.

Les autorités se sont lancées dans une course contre la montre pour faire baisser le niveau du réservoir et réparer les déversoirs avant l'arrivée d'une nouvelle "rivière atmosphérique".

- Tenir -

Près de 3.000 mètres cubes d'eau par seconde sont lâchés, donnant lieu à des images spectaculaires de flots rugissants. Le but est de faire baisser de 15 mètres le réservoir d'ici le retour de la pluie. Son niveau d'urgence est atteint lorsque l'eau atteint 300 mètres et elle se situe actuellement à 270 mètres.

Des hélicoptères déposent aussi d'énormes sacs de pierres pour créer une digue de fortune.

"Nous faisons tout pour réparer ce barrage pour que les gens puissent retourner chez eux sans peur. C'est très difficile", a déclaré aux journalistes locaux le gouverneur lundi soir.

Pendant ce temps, les déplacés n'ont d'autre choix que de patienter.

Vanessa Gonzales, résidente d'Oroville, a dû quitter sa maison "située tout près du fleuve Feather".

"On nous a demandé de partir et d’aller dans un endroit plus haut, parce que l’eau risquait d’inonder les lieux. (...) Ca risque de faire beaucoup de dégâts. On est venus dans ce centre d’hébergement parce qu’on n’avait pas d'autre endroit où aller", explique-t-elle à l'AFP, à l'abri d'urgence de Roseville. Elle s'y est installée lundi avec son mari et sa fille après une première nuit dans leur voiture.

Merv Screeton, un policier, distribue des couvertures et oreillers aux nouveaux arrivants: "Nous avons aussi de la nourriture et des affaires de toilette. Ces gens sont souvent des familles modestes qui n’ont pas les moyens de se payer une chambre d’hôtel".

Eric aussi a dû quitter son domicile dans la précipitation: "On va attendre. On a ce qu’il faut pour tenir", assure-t-il.

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