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Chili: dernière étape pour dépénaliser l'avortement thérapeutique

Le Tribunal constitutionnel du Chili doit se prononcer vendredi sur la loi de dépénalisation de l'avortement thérapeutique, approuvée au Parlement après deux ans et demi de débats dans ce pays ultra-conservateur qui n'autorise l'IVG sous aucune circonstance.

Malgré le feu vert début août de la Chambre des députés puis du Sénat, les parlementaires de l'opposition avaient saisi le Tribunal constitutionnel, car ils estiment que le texte porte atteinte au principe du droit à la vie figurant dans la Constitution.

Si elle promulguée, la nouvelle législation, initiative de la présidente Michelle Bachelet, autorisera l'avortement pour les femmes dont la vie est en danger, qui ont été violées ou si le foetus est jugé non-viable.

Jeudi, la dirigeante socialiste a affirmé que cette loi est "le minimum dû par le Chili à ses femmes", assurant que son gouvernement défendrait "sa pertinence et sa constitutionnalité".

Elle a toutefois dit qu'elle respecterait la décision du Tribunal constitutionnel, quelle qu'elle soit.

Aux alentours du bâtiment de l'institution, dans le centre de Santiago, des manifestants opposés à la loi étaient rassemblés vendredi matin, priant et entonnant des chants religieux. Ils étaient venus avec des berceaux vides.

"Le projet (de loi) devrait s'appeler légalisation du meurtre ou de l'infanticide par traîtrise et torture pré-natale d'un enfant dans le ventre de sa mère, en situation de vulnérabilité", a lancé Marcela Aranda, membre du groupe religieux "Vivez la foi", l'une des 135 organisations et personnalités ayant présenté leurs arguments pour et contre la loi, face aux juges du Tribunal constitutionnel, entre mercredi et jeudi.

Vendredi, les dix magistrats entendront notamment deux avocats représentant le gouvernement avant de délibérer et de se prononcer, sans doute dans la journée selon des sources judiciaires consultées par l'AFP.

Jusqu'en 1989 et pendant plus de 50 ans, l'avortement était permis en cas de risque pour la mère et de foetus non-viable. Mais, avant de quitter le pouvoir, l'ancien dictateur Augusto Pinochet (1973-1990), l'a interdit, laissant cette décision inchangée durant plus de deux décennies.

Depuis, ce texte déchaîne les passions: le Chili a été un des derniers pays développés à reconnaître le divorce en 2004 et l'Eglise y est très présente.

Officiellement le Chili enregistre quelque 30.000 avortements provoqués ou spontanés, mais les interruptions clandestines pourraient être de l'ordre de 160.000.

Outre le Chili, 18 pays dans le monde, dont Haïti, le Congo et le Vatican, interdisent totalement l'avortement.

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