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Colombie: angoisse et désolation après un glissement de terrain meurtrier

Les opérations de recherches se poursuivaient mardi dans un climat d'angoisse et de désolation à Salgar, un village du nord-ouest de la Colombie ravagé la veille par un glissement de terrain qui a fait 78 morts.

Après les torrents de boue causés par le débordement d'une rivière, sous l'effet de fortes précipitations, les tractopelles continuent de déblayer les troncs d'arbres et autres décombres jonchant le sol, sous le regard inquiet de la population de cette région montagneuse et difficile d'accès.

Les riverains, qui ont passé une nuit blanche, redoutent une aggravation du bilan qui s'établit désormais à 78 morts, selon le dernier rapport émis par l'Unité nationale pour la gestion du risque de catastrophes naturelles (UNGRD). 542 personnes sont par ailleurs sans abri.

"C'est horrible, on n'a pas de mots pour cela, on a l'impression de faire un cauchemar, l'ampleur du désastre est tellement effrayante", confie à l'AFP Nora Quinceno, encore sous le choc de la catastrophe qui a quasiment rayé de la carte un hameau entier dans cette localité de 18.000 habitants, situé à environ 100 kilomètres de Medellin, dans le département d'Antioquia.

Après une interruption des recherches pendant la nuit, quelque 166 secouristes, équipés de chiens spécialisés et de matériel humanitaire, ont eu à l'aube une réunion rapide à l'église de Salgar, avant de se remettre à la tâche dans des conditions difficiles, sous un soleil de plomb.

"La pluie est tombée toute la nuit, le niveau de la rivière est de nouveau monté et cela va énormément compliquer la récupération des victimes", a déclaré à l'AFP Alfredo Vergara, commandant des pompiers du secteur.

- 'Plus que des cadavres' -

L'espoir de secourir des survivants s'amenuise au fil des heures, admet-il. "Difficile de retrouver des disparus encore en vie, tant le courant est fort. Je crains que nous ne découvrions plus que des cadavres".

Hébergés dans des abris provisoires et des exploitations agricoles de cette région productrice de café, de nombreux habitants, surpris par le glissement de terrain en plein sommeil pendant la nuit de dimanche à lundi, sont retournés nettoyer leurs maisons dévastées par la boue qu'ils évacuent sommairement avec des pelles, faisant sécher à l'extérieur les rares meubles sauvegardés.

"J'avais une fille qui vivait ici et une petite-fille qui ont été emportées. Nous sommes très mal, nous n'avons nulle part où aller", témoigne à l'AFP Moar Londoño, un des rescapés de la tragédie.

Près de 400 membres des services d'urgence ont été dépêchés sur place afin d'apporter un soutien psychologique et d'évaluer les besoins matériels de la population dans cette zone dépourvue d'électricité et d'eau potable.

"La situation n'est pas simple, ce sont des familles entières qui ont été perdues", a commenté à l'AFP Cesar Ureña, le directeur de la Croix Rouge colombienne.

Le président Juan Manuel Santos, qui a effectué un survol de la région la veille, a décrété le secteur en état de "calamité naturelle". "Nous ne les oublierons pas", a affirmé le chef de l'Etat, qualifiant la situation de "dantesque", dans une intervention télévisée mardi.

Le gouvernement a déjà annoncé une indemnisation de 16 millions de pesos (environ 7.000 dollars) pour chaque famille, ainsi que la prise en charge du loyer en attendant la reconstruction du logement.

Les glissements de terrain sont fréquents en Colombie, un pays vulnérable aux catastrophes naturelles en raison de sa position géographique et de sa topographie.

En 2010-2011, une vague de froid hivernal avait provoqué inondations et glissements de terrain dans plusieurs régions, faisant 1.374 morts, 2,4 millions de sinistrés et détruisant plus de 100.000 maisons.

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