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Contestations en RDC: après de vifs affrontements, le projet controversé de recensement sera rayée de la loi

Après une rencontre entre Joseph Kabila et des diplomates occidentaux dont l'ambassadeur belge, le retrait de l'alinéa controversé a été annoncé par le président de l'Assemblée en République Démocratique du Congo. Un recensement de la population était prévu, retardant ainsi la tenue de nouvelles élections.

Le président de l'Assemblée nationale en République démocratique du Congo (RDC) a annoncé samedi soir le retrait de l'alinéa controversé du projet de loi électorale, qui a provoqué des manifestations meurtrières cette semaine à Kinshasa. "Le point de vue que l'Assemblée nationale défend devant la commission (paritaire réunissant des députés et sénateurs, ndlr) est celui du retrait de l'alinéa" contesté, a déclaré à l'AFP Aubin Minaku.


Comme la voix des députés prime, cet alinéa sera purement et simplement rayé de la loi électorale, a-t-il expliqué. Le 17 janvier, les députés ont voté un projet gouvernemental de révision de la loi électorale dont l'alinéa controversé liait la tenue de la présidentielle à un recensement de la population. Or, un tel recensement pourrait prendre trois ans, ce qui permettrait au président Joseph Kabila de rester au pouvoir au-delà de 2016, alors que la Constitution lui interdit de briguer un nouveau mandat l'an prochain.


Des "débats inutiles" évités

L'Assemblée a "évité trop de débats inutiles car le changement de la moindre virgule pouvait susciter de mauvaises interprétations", a ajouté M. Minaku, soulignant qu'il n'y aurait "rien à la place" de l'alinéa retiré. Vendredi, le Sénat a amendé le texte en imposant le respect du calendrier électoral. Face aux divergences, les deux chambres se sont réunies en commission paritaire pour tenter de trouver un consensus.


"Il n'a pas été question de violer la constitution"

Selon plusieurs sources, les deux parties peinaient à s'entendre samedi, alors que le vote du texte devait intervenir au plus tard lundi. Selon M. Minaku, il n'a "pas été question de violer la Constitution", "des interprétations ont été faites et vendues à la population" qui, à l'appel de l'opposition, a manifesté violemment de lundi à mercredi, principalement à Kinshasa.

Emeutes et pillages

Le bilan des manifestations, qui avaient rapidement viré à l'émeute et au pillage, est lourd: 13 morts selon le gouvernement, et une quarantaine selon la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) et Human Rights Watch (HRW), qui évoque au moins 21 personnes abattues par les forces de l'ordre.


Manifestations à Bruxelles

Des émissaires occidentaux ont rencontré samedi à Bruxelles le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, pour essayer de le convaincre de renoncer à son projet de modification de la loi électorale qui a entraîné de violentes manifestations. Parmi eux figuraient l'ambassadeur de Belgique Michel Latschenko, a appris l'agence Belga de source diplomatique à Bruxelles.


Kabila serait maintenu au pouvoir

Le projet prévoyait notamment un recensement national avant la prochaine élection présidentielle, en 2016. L'opposition, elle, estimait que le projet avait pour but de permettre à Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà de l'expiration de son mandat car un recensement prendrait plusieurs années.


Américains, britanniques, français, ...

Outre M. Latschenko, des émissaires américain, britannique, français, européen, ainsi que le chef de la Mission des Nations Unies (Monusco) Martin Kobler, ont rencontré samedi Joseph Kabila à Kinshasa. "Les ambassadeurs ont rencontré le président pour le mettre en garde contre le risque d'aboutir à une situation qui échapperait à tout contrôle, en raison de la modification de la loi électorale qui a provoqué tant de tensions", a-t-on appris de source diplomatique.


Renoncer au recensement

Les mêmes émissaires ont rencontré les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale pour leur demander de renoncer à la clause touchant au recensement de la population. Le week-end dernier, l'Assemblée nationale avait approuvé le projet de loi en y englobant la clause de recensement, tandis que vendredi, le Sénat a modifié l'article prévoyant l'organisation du recensement en préalable à la prochaine présidentielle. Une commission conjointe des deux chambres tient réunion depuis vendredi pour surmonter les divergences sur le texte. Les émissaires occidentaux devaient également rencontrer des dirigeants de l'opposition, selon un diplomate.

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