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Crise politique en RD Congo: des tirs entendus dans plusieurs quartiers de Kinshasa et à Lubumbashi

Son mandat de président terminé, Joseph Kabila a tout de même annoncé un nouveau gouvernement formé par les autorités dans la nuit de lundi à mardi. Et ce, sans attendre les résultats de la médiation de l'Église catholique en vue de sortir la République démocratique du Congo de la crise politique.

Annoncée à quelques heures de la fin du mandat du président Joseph Kabila, qui entend se maintenir en fonction jusqu'à ce qu'un successeur lui soit élu, la formation du gouvernement est le fruit d'un accord de partage du pouvoir conclu en octobre entre la majorité et une frange minoritaire de l'opposition, dénoncé avec véhémence par la coalition du Rassemblement constituée autour de la figure de l'opposant historique, Étienne Tshisekedi (84 ans).

"Ne plus reconnaître l'autorité de Kabila"

L'opposant congolais historique a d'ailleurs appelé ses concitoyens "à ne plus reconnaître" Joseph Kabila comme président de la République démocratique du Congo dans une vidéo mise en ligne sur YouTube dans la nuit de lundi à mardi. "Je lance un appel solennel au peuple congolais à ne plus reconnaître l'autorité de M. Joseph Kabila, à la communauté internationale de ne plus traiter avec Joseph Kabila au nom de la République démocratique du Congo", déclare le vieil opposant d'une voix ânonnante.

Le nouveau cabinet est dirigé par un transfuge de l'UDPS, Samy Badibanga, et fait entrer plusieurs ministres d'opposition ayant joué comme lui le jeu du "dialogue national" proposé par M. Kabila.

La lecture de la liste du cabinet a été donnée à l'antenne de la télévision publique peu avant minuit, heure à partir de laquelle les détracteurs les plus virulents du président Kabila considèrent qu'il n'est plus légitime.

Des tirs entendus dans plusieurs quartiers de Kinshasa

Peu après cette annonce, des tirs d'armes à feu ont été entendus par des journalistes de l'AFP dans plusieurs quartiers du nord de Kinshasa. L'origine précise de ces tirs, entendus dans deux quartiers du nord de la capitale, était difficile à déterminer.

Peu avant, plusieurs quartiers de la mégapole congolaise, transformée en ville morte durant la journée de lundi, avait résonné de concerts de sifflets et de tambours improvisés avec des casseroles, symboles du "carton rouge" que l'opposition a menacé d'infliger à M. Kabila, qui entend se maintenir au pouvoir dans l'attente de l'élection d'un successeur. La présidentielle prévue cette année a été reportée sine die.

Dans les quartiers où ils ont été entendus, les tirs - une rafale à Kasa-Vubu, une succession de coups de feu à Lingwala - ont mis fin aux concerts de sifflets. Une détonation sourde a également été entendue à partir du quartier de la Gombe, où se trouvent le palais présidentiel et la résidence du chef de l'État. Avant minuit, des habitants de la capitale avaient fait état de plusieurs tirs d'armes à feu ou de grenades lacrymogènes dans quelques quartiers gagnés par les concerts nocturnes.

Des tirs nourris à Lubumbashi

Des tirs nourris d'armes à feu ont été entendus mardi matin à Lubumbashi, deuxième ville de la République démocratique du Congo, où les forces de l'ordre sont largement déployées au dernier jour du mandat du président Joseph Kabila, a indiqué le correspondant local de l'AFP.

Les tirs ont commencé vers 09h15 dans un quartier du sud de cette ville du sud-est du pays, selon ce journaliste passé peu avant dans cette zone, théâtre d'affrontements entre des manifestants et la police dont témoignaient plusieurs pneus brûlés abandonnés sur une chaussée jonchée de pierres.

Le correspondant de l'AFP a entendu des rafales nourries pendant une vingtaine de minutes qui ont ensuite fait place à des tirs par intermittence jusque peu après 10h00.

Dans la commune de Matuba, où le journaliste avait trouvé plus tôt les traces d'affrontements, un officier supérieur de la police lui a indiqué que ses hommes avaient fait face à des "groupes de manifestants" hostiles de cinq ou dix personnes.

Jean-Claude Kazembe, gouverneur du Haut-Katanga, province dont Lubumbashi est la capitale, a déclaré à l'AFP que "parmi les manifestants (à Katuba), on en a repérés trois qui sont armés".

"C'est ce qui justifie que la police tire des balles réelles en l'air pour disperser des civils", a ajouté le gouverneur.

Reprise des négociations mercredi

Le 8 décembre, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) avait lancé une médiation de la dernière chance destinée à réconcilier les partisans de l'accord d'octobre et ses détracteurs en ouvrant la voie à une période de transition politique jusqu'à l'élection d'un successeur à M. Kabila. En l'absence de la moindre avancée significative, dans un pays habitué aux violences meurtrières à caractère politique, les évêques avaient suspendu leur médiation samedi soir afin de se rendre à Rome pour une visite au pape François prévue de longue date, et avaient alors annoncé une reprise des négociations à leur retour mercredi.

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