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Depuis un village normand, Macron sur TF1 veut répondre aux contestations

Berd'huis, petit village normand à 150 km de Paris, accueille jeudi Emmanuel Macron qui vient y donner une interview en direct sur TF1 pour apaiser les inquiétudes des Français, notamment des retraités et des ruraux.

Choix inhabituel, le chef de l'Etat s'exprimera dans le JT de Jean-Pierre Pernaut de la mi-journée, le préféré des séniors mais peu regardé des actifs urbains.

Pour marquer encore davantage son intention de s'adresser à la France des campagnes, le JT est délocalisé dans l'école primaire de Berd'huis (Orne), 1.118 habitants.

Dans ce paisible village, bouclé depuis l'aube par les gendarmes, des curieux sont arrivés dès 09H00 près de l'école pour apercevoir le chef de l'Etat, attendu vers 11H30 sous un soleil printanier. Il devrait repartir pour Paris juste après l'émission.

Les résidents, qui avaient placé Marine Le Pen en tête au premier tour de la présidentielle mais choisi Emmanuel Macron au second, veulent surtout l'interpeller sur des sujets de la vie quotidienne, en particulier la limitation de vitesse à 80 km/heure et la hausse de la CSG qui frappe les retraités (30% de la population).

Sur TF1, le chef de l'Etat pourrait aussi s'expliquer sur la réforme de la SNCF, l'évacuation très musclée des zadistes de Notre-Dame-des-Landes, le blocage dans certaines facs, le projet de loi asile et immigration et les menaces de frappes en Syrie.

Cet entretien vise à regagner le soutien des classes populaires et rurales, qui décrochent dans les sondages. La cote de confiance du président recule à la fois dans les classes populaires, à 27%, et dans les classes moyennes (-6 points à 41%), alors qu'elle progresse chez les cadres, à 65%, selon un sondage Elabe.

Des chiffres qui alimentent les accusations de l'opposition, selon laquelle Emmanuel Macron est à la fois un "président des riches" et un "président des villes".

Cette interview est le premier volet d'une offensive médiatique destinée à marquer le premier anniversaire de la présidentielle. Elle sera suivie d'une seconde dimanche soir de deux heures, avec Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel, sur BFMTV, RMC et Mediapart.

- Mémorisation -

L'objectif de l'interview "un peu atypique" sur TF1 est de "redonner le sens, de mieux expliquer que la politique de transformation du pays permet de réparer la France mais aussi de s'occuper de l'égalité des territoires", a commenté le député LREM Hugues Renson.

"En matière de pédagogie nous n'en faisons jamais assez", a reconnu le Premier ministre Edouard Philippe en début de semaine. Le JT de TF1, suivi par 5,3 millions de téléspectateurs en moyenne, est le plus regardé par les retraités, les employés et les habitants des campagnes.

Sur France Inter, son prédécesseur François Hollande a critiqué un Emmanuel Macron selon lui trop présent dans les médias. "Tous les jours on a le président - celui-là comme je l'étais hier et avant moi - à un moment. Quand il y a chaque jour un feuilleton, on finit par perdre le sens du film", a-t-il lancé sur France Inter.

Plusieurs syndicats ont annoncé des cars pour manifester à Berd'huis mais ils seront maintenus à 300 mètres de l'école, selon la police.

Les habitants qui voulaient s'approcher jeudi matin étaient soigneusement filtrés et fouillés. Un retraité avec une petite pancarte "Je soutiens les étudiants et les zadistes" est resté bloqué loin du lieu de l'arrivée présidentielle.

Après un an de réformes en série, le chef de l'Etat doit aussi les faire connaître. "La mémorisation des réformes, pour un président qui a fait du réformisme son marqueur principal, sera essentielle le moment venu. Or, pour le moment, elle est relativement faible pour cause de multiplication des fronts, et d'extrême complexité des réformes menées", note Chloé Morin, directrice de l'opinion à la fondation Jean-Jaurès.

Préférant les longs discours ou les échanges directs avec la population, Emmanuel Macron n'a donné jusqu'ici que deux entretiens à des chaînes françaises (TF1 en octobre, France 2 en décembre).

Après cette offensive médiatique, il sera deux jours la semaine prochaine dans les Vosges, un département très rural.

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