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Des détenus heureux de lutter contre les flammes en Californie

En prison, ce sont des détenus, mais une fois à l'extérieur ce sont des pompiers: Alejandro Rangel vient d'être libéré et son voeu le plus cher est de continuer à lutter contre les incendies, véritable fléau en Californie.

Pendant plus de deux ans, le jeune homme de 25 ans a fait partie d'une des 200 équipes de pompiers volontaires qui passent chaque année plus de temps à combattre les incendies que derrière les barreaux.

Cette semaine, quelque 553 détenus de Californie --un Etat souvent confronté à des incendies en raison de la sécheresse--, ont ainsi été envoyés dans la région des vins au nord de San Francisco pour lutter contre les incendies meurtriers qui font rage depuis dimanche soir.

Ces pompiers d'un genre particulier n'ont ni menottes, ni chaînes aux pieds et ne sont même pas sous surveillance. Seul leur tenue orange et le mot "prisonnier" inscrit sur leur combinaison les distingue, ainsi que leur salaire.

Pour risquer leur vie sur le front des incendies, ils gagnent un dollar de l'heure, contre un minimum de 17,7 dollars pour un pompier professionnel.

Alejandro Rangel a gagné cette année 1.200 dollars pour ce travail qui reste le mieux payé de la prison. "C'est un travail très dur pour peu d'argent mais il t'aide à te forger un caractère", estime-t-il, disant vouloir en faire son métier.

"Je veux entrer dans n'importe quel corps de pompiers en Californie", assure-t-il à l'AFP lors d'un exercice d'entraînement organisé quelques jours avant sa libération à la prison Oak Glen de Yucaipa, à quelque 140 km à l'est de Los Angeles.

Selon les estimations, la Californie économise quelque 124 millions de dollars par an avec ce programme lancé en 1946 et qui a fait cette année deux morts parmi les détenus.

Leur mission principale est d'éviter que les flammes se propagent, en taillant les arbres ou en creusant des canaux.

- 'Ma mère est fière' -

Les détenus qui participent à ce programme ont été condamnés pour des délits mineurs et non violents. La majeure partie sont des jeunes qui se retrouvent derrière les barreaux pour trafic de drogue ou vol.

Alejandro Rangel a été condamné à une peine de huit ans d'emprisonnement pour vol. Les deux dernières années, il les a passées à la prison de Oak Glen, qui n'a rien d'un centre pénitentiaire classique: il n'y a pas de cellules, mais des jardins arborés et un gymnase avec des altères, interdites dans les prisons classiques.

Devenir pompier a "changé ma vie, jamais je n'avais travaillé aussi durement", témoigne ce fils de Mexicains. "Quand je suis arrivé, je n'avais aucune expérience, maintenant j'aime travailler en équipe, aider les autres... C'est ma voie".

Le camion utilisé par ces pompiers spéciaux n'a ni échelle ni lance d'incendie. C'est un simple bus rouge, mais avec des barreaux aux fenêtres. Au volant, séparé du reste des voyageurs, un pompier professionnel. Rien qu'en 2016, l'équipe d'Alejandro Rangel a parcouru quelque 16.000 km dans tout l'Etat.

Il reste à Derrick Lovell, 25 ans, six mois à passer à Oak Glen. Après, lui aussi veut devenir pompier. "Ma mère est fière de moi", dit-il la voix émue.

"C'est la première fois que ma famille est fière de moi", assure également Travis Reeder, 23 ans, emprisonné pour trafic de drogue.

Lors de son deuxième jour en tant que pompier, le jeune s'est évanoui, déshydraté. Mais qu'importe, lui aussi rêve de poursuivre dans cette voie. Une fois libre.

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