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Des réfugiés syriens et irakiens, touristes d'un jour à New York

Elle est arrivée aux États-Unis il y a quelques mois après avoir fui la Syrie et ses parents galèrent maintenant pour trouver un travail. Le temps d'un jour, Mona a pu oublier son quotidien de réfugiée et profiter de New York en simple touriste.

"C'était vraiment super d'aller à Central Park. J'ai adoré prendre le métro. J'aime tout à New York!" raconte toute excitée cette petite fille de 10 ans, ses longs cheveux bruns noués en chignon.

Comme quelque 150 réfugiés, Mona Hafez et sa famille ont profité la semaine dernière d'une journée de visites des hauts-lieux culturels de New York, le tout gratuitement grâce à Luke Miller.

Ce guide professionnel de 48 ans a imaginé ces visites pour aider les réfugiés à se sentir accueillis, malgré la volonté de l'administration Trump d'interdire toute arrivée de réfugiés syriens et de limiter l'immigration venue de plusieurs autres pays musulmans.

La question des immigrés musulmans est si sensible que Miller a reçu des menaces de mort après avoir appelé à des dons sur Facebook pour financer ces visites.

"Certains ont posté des commentaires au vitriol, des choses vraiment méchantes", a-t-il raconté à l'AFP. "Mais dans l'ensemble les réactions ont été incroyables."

- Manège de Trump -

Cinq jours durant, pendant les vacances de printemps, ce New-Yorkais fondateur de l'agence Real New York Tours a donc guidé ces réfugiés -essentiellement Syriens mais aussi Irakiens- à travers Manhattan, partageant avec eux anecdotes sérieuses ou drôles sur sa ville et son histoire.

Mona et sa famille ont pu faire le tour des lieux emblématiques de cette ville-monde, de Madison Square Garden à Times Square, en passant par Central Park, son zoo et même son manège, propriété de la famille Trump.

Puis métro direction Battery Park et sa vue sur la statue de la Liberté, pour un déjeuner pizza très américain.

"Vous voulez voir un truc vraiment chouette?" leur demande Miller, les invitant à lever la tête pour entrevoir le sommet de l'Empire State Building émerger des nuages.

Et de les faire s'esclaffer devant des photos du film King Kong de 1933, où l'on voit le grand singe accroché au gratte-ciel. Tout en leur racontant comment certains ouvriers qui construisaient ces tours ont péri faute de droit du travail suffisamment protecteur.

Cinq interprètes arabisants accompagnent Miller pour s'assurer que tout le monde suit. Un autre bénévole distribue fruits ou cacahuètes à ceux qui auraient un petit coup de mou.

Les parents photographient leurs enfants avec leur téléphone. Les adolescents mâchonnent leur chewing-gum à la mode américaine.

La journée permet à tous d'oublier momentanément leurs difficultés à maîtriser l'anglais ou à trouver du travail. Et de se détendre après des années souvent vécues dans la peur et l'incertitude du lendemain.

- 'Ma plus belle journée' -

"C'est ma plus belle journée en Amérique. C'est merveilleux, c'est vraiment extraordinaire", explique Raouda, la mère de Mona, tout sourire sous son voile blanc.

Après avoir passé la première année de la guerre à Homs, cette famille de trois enfants est partie pour Damas puis pour la Jordanie, où ils ont vécu quatre ans avant d'obtenir des visas américains.

En Syrie, le père avait un magasin de chaussures. Aujourd'hui, ils vivent à Elizabeth, une ville du New Jersey aux populations très mélangées proche de l'aéroport international de Newark.

Comme beaucoup d'autres réfugiés, ils n'ont pas encore retrouvé du travail et se concentrent pour l'instant sur l'apprentissage de l'anglais.

Mais fidèles à la tradition du melting-pot américain, les enfants s'épanouissent déjà. Dans sa nouvelle école, Mona adore les maths et les sciences, et rêve de devenir médecin.

"Ils parlent l'anglais de mieux en mieux, ça me réjouit de voir qu'ils arrivent à communiquer", dit Raouda.

"Ma famille est contente, mes enfants sont contents, donc je suis content", dit aussi Ammar Ahmed, un comptable irakien.

Ce père de quatre enfants était parti en Syrie pour fuir la guerre en Irak, avant de devoir repartir quand la guerre a embrasé la Syrie.

Vivre aux États-Unis, "c'est mon rêve", dit cet homme de 45 ans, qui espère bien améliorer rapidement son anglais et décrocher un emploi.

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