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Nouvelle-Zélande: aucune majorité après les élections, les populistes en arbitres

Aucune majorité claire ne s'est dégagée des élections législatives samedi en Nouvelle Zélande, ni les conservateurs, ni les travaillistes, n'ayant obtenu de majorité absolue, ce qui place les populistes en position d'arbitres en vue de la formation d'une coalition.

Le chef des conservateurs, le Premier ministre sortant Bill English, a réalisé une performance inattendue avec 46% des voix, tandis que sa rivale travailliste, la trentenaire Jacinda Ardern, n'en a obtenu que 36%.

Alors qu'il faut 61 sièges pour obtenir la majorité, les conservateurs et leur allié actuel ACT (libéral) en ont gagné 59. Les travaillistes et leur partenaire habituel des Verts en ont remporté 54.

L'appui du parti populiste et anti-immigration "Nouvelle Zélande d'abord" (New Zeland First, NZF), qui s'est arrogé 9 sièges, se révèle donc décisif. "Nous n'allons pas nous presser", a cependant déclaré son chef, le maori Winston Peters.

"Nous prendrons une décision en fonction des intérêts de toute la Nouvelle-Zélande et de NZF (...) Cela prendra du temps", a-t-il ajouté.

Depuis l'entrée en vigueur en 1996 d'un nouveau système électoral, qui implique que les Néo-Zélandais votent d'une part pour une liste et de l'autre pour un candidat, aucun parti n'est parvenu seul à rafler la majorité absolue.

Les partis en tête doivent donc marchander avec les petits partis pour former une coalition. Lors des élections de 2011 et 2014, le NZF avait déjà joué le rôle d'arbitre principal.

Winston Peters, connu pour ses prises de position contre l'immigration asiatique, avait en 1996 aidé les conservateurs à prendre le pouvoir contre un poste de vice-Premier ministre. En 2005, il avait rejoint une coalition travailliste en échange des Affaires étrangères.

Les négociations pour former une coalition pourraient durer au moins deux semaines.

- Scrutin particulièrement incertain -

Cette élection était la plus incertaine depuis de nombreuses années, avec des sondages annonçant d'abord la victoire les conservateurs de Bill English, puis les travaillistes de Jacinda Ardern et enfin à nouveau du chef du gouvernement sortant.

Il y a deux mois encore, M. English, qui avait succédé en décembre au très populaire John Key, voyait la partie gagnée d'avance face à un centre-gauche au fond du trou.

Mais la campagne a changé de physionomie avec l'arrivée à la tête de l'opposition le 1er août de Mme Ardern. Elle a bénéficié d'un élan de sympathie et fait gagner initialement aux travaillistes 20 points dans les sondages.

Elle a joué la carte du changement générationnel après neuf années de règne du Parti national (centre-droit). Les législatives ont lieu tous les trois ans en Nouvelle-Zélande.

"Bien sûr nous espérions faire (un score) plus haut... Évidemment, nous espérions mieux", a déclaré Jacinda Ardern à l'issue du scrutin.

"Je ne peux pas prévoir pour l'heure les décisions que les autres chefs de file vont prendre", a-t-elle ajouté. "Nous avons encore beaucoup de travail devant nous".

Avec Mme Ardern, les travaillistes n'ont cessé de dénoncer l'usure du pouvoir des conservateurs, à court d'idées après neuf ans aux affaires, selon eux.

Celle qui a commencé sa carrière politique aux côtés de l'ancien Premier ministre Helen Clark a surtout fait campagne sur des questions sociétales comme la protection de l'environnement, l'accès au logement, promettant aussi la gratuité de l'éducation supérieure.

M. English, ancien agriculteur de 55 ans, père de six enfants, a mis en avant son bilan aux Finances sous le gouvernement Key, assurant que seul le Parti national pouvait entretenir la robuste croissance de l'économie locale.

Le dernier sondage, publié mercredi, replaçait le Parti national largement en tête avec 46% contre 37% pour les travaillistes.

Quelque 3,2 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes, mais plus d'un million avaient voté par anticipation.

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