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Fifa: l'insubmersible Blatter vogue vers un cinquième mandat

Joseph Blatter (79 ans), président de la Fifa depuis 1998 et imperméable aux crises à répétition de son instance, reste favori pour un cinquième mandat lors de l'élection qui l'opposera au Prince Ali (39 ans), un de ses vice-présidents, vendredi à Zurich.

. Blatter, la Fifa incarnée

Blatter, entré il y a 40 ans à la Fifa, devenu N.2 (secrétaire général) en 1981, puis N.1 en 1998, a fini par incarner son instance.

Cet ancien attaquant modeste, à qui son père avait lancé --ironie de l'histoire-- "Tu ne gagneras pas ta vie avec le foot", a refusé tout débat public de campagne, martelant que son bilan parlait pour lui.

Le Suisse est l'homme de l'internationalisation de la Fifa. Sous son mandat, l'Afrique a organisé son premier Mondial (en 2010 en Afrique du Sud), ce qui lui assure les voix de ce continent.

Plus largement, les principales Confédérations (six au total) qui composent la Fifa lui ont promis leur soutien -sauf l'Europe, sa farouche opposante dirigée par Michel Platini, président de l'UEFA- il y a un an, lors du dernier Congrès de Sao Paulo au Brésil.

. Résistant aux crises

Blatter a survécu aux crises qui sont allées crescendo dans l'histoire récente de la Fifa, vieille de 111 ans. Le dernier tsunami est né de l'attribution du Mondial-2022 au Qatar le 2 décembre 2010. Depuis, les polémiques déferlent. Mais la Coupe du monde est toujours programmée dans sept ans dans ce riche émirat.

Celui qui est reçu d'égal à égal par les puissants de la planète doit maintenant éviter que le congrès électif de Zurich, vendredi, ne soit parasité par un dossier brûlant: la Palestine veut solliciter par vote l'exclusion d'Israël...

"Je garde l'espoir d'un progrès sur (le dossier) Israël-Palestine", a sobrement tweeté le patron du foot mondial.

Une autre poussée de fièvre est possible. Samedi, au lendemain de l'élection présidentielle, la Fifa répartira le nombre de places par continents au Mondial-2018 en Russie. Ce qui a fait dire à Platini le 24 mars: "Pour les places par confédération pour le Mondial-2018, Blatter organise un comité exécutif (extraordinaire) après le congrès, il joue avec ça."

En plaçant l'attribution des places après l'élection, Blatter s'assure en effet d'un moyen de pression supplémentaire contre d'éventuelles confédérations frondeuses.

. Prince Ali, poids léger

Le prince de Jordanie est un des sept vice-présidents de la Fifa, membre du comité exécutif (gouvernement du football mondial) depuis 2011.

Ce demi-frère du roi Abdallah II, qui a fait ses études aux Etats-Unis, a pour lui une image positive (il a beaucoup oeuvré pour le foot des jeunes et des féminines), un budget de campagne illimité et un beau carnet d'adresses. Le candidat à la présidentielle Fifa a ainsi rencontré fin avril le pape François, fan du club argentin de San Lorenzo.

Tous ces atouts lui permettent d'être seul en course contre Blatter, après les désistements de Michael van Praag, président de la Fédération néerlandaise et de Luis Figo, ancien Ballon d'Or. D'autres postulants, fantaisiste comme l'ancien joueur du Paris SG David Ginola, sponsorisé par une officine de paris sportifs, ou esseulé, comme Jérôme Champagne, ex-vice secrétaire général adjoint de la Fifa, n'avaient même pas pu faire valider leurs candidatures.

Mais le Prince Ali ne pèse pas lourd. Premier écueil: ce n'est pas lui le président de sa Confédération, l'Asie, dont dépend la Jordanie. C'est le cheikh Salman bin Ebrahim al Khalifa qui occupe ce poste et le Bahreïnien est un fervent supporteur de "Sepp" Blatter.

La jeunesse du prince, dans tous les sens du terme --il n'a que 39 ans et n'est depuis que quatre ans au comité exécutif de la Fifa--, pourrait le desservir face à un collège électoral majoritairement conservateur, composé des 209 dirigeants de fédérations. Le Congrès de Sao Paulo, l'été dernier, avait en effet rejeté les propositions de limites d'âge et de mandats au sein de la Fifa.

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