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Filière jihadiste: 4 ans de prison requis contre une ex-gendarme

Le procureur a requis jeudi de dix mois à neuf années de prison contre les sept prévenus d'une "filière jihadiste" francilienne, dont quatre années d'emprisonnement contre une ancienne gendarme volontaire.

Il n'a toutefois pas requis de retour en prison contre Ahlam El Haddad, 24 ans et enceinte de huit mois et demi, qui a déjà fait de la détention provisoire.

La jeune femme a été gendarme volontaire adjointe dans le Var, un contrat à durée déterminée réservé aux jeunes, d'août 2012 à novembre 2013. Depuis 2013, environ une dizaine de cas de gendarmes ont été signalés pour radicalisation.

A l'audience Ahlam El Haddad, très posée sous son ample voile tombant jusqu'aux pieds, avait dit "regretter" ce qu'elle a qualifié de "bêtise".

"Elle va donner naissance à son premier enfant dans deux ou trois semaines, c'est son projet depuis trois ans, le projet qui a remplacé le départ en Syrie. Et ce projet-là n'est pas une bêtise. J'espère que vous l'entendrez", a plaidé son avocate, Me Jennifer Halter.

Contre son mari Nassim Tache, jeune homme barbu et volubile, qui a fondu en larmes à l'audience en évoquant sa détention à l'isolement et une fausse couche de son épouse, ont été requis six ans de prison.

Mais le procureur n'a pas demandé de période de sûreté, ce qui lui permettrait de formuler rapidement une demande d'aménagement de peine. Il a souligné son très bon comportement en détention.

"A aucun moment on ne lui a laissé une chance", contrairement à d'autres prévenus libérés avant le procès, a regretté son avocat Me Martin Pradel, parlant des "chances de réinsertion indiscutables" de son client.

Le parquet a eu la main plus lourde concernant Kenzi Benahmed, 33 ans, le seul prévenu à avoir passé quelques mois en Syrie: neuf années d'emprisonnement requises.

Mais le procureur, soulignant une "distanciation" du prévenu avec l'idéologie jihadiste, a demandé une période de sûreté de la moitié - au lieu des deux tiers habituellement.

Cela ouvre la perspective d'une libération conditionnelle dans un an pour le jeune homme, en prenant en compte la durée de sa détention provisoire.

A l'audience Kenzi Benahmed avait raconté comment, alors qu'il traversait une crise personnelle, il s'était radicalisé via internet.

Ce prévenu à la voix très posée a assuré avoir rompu avec tout islam "brutal, intolérant, violent" grâce à un travail sur lui-même en prison.

Le procureur a requis cinq ans d'emprisonnement dont un avec sursis, ce qui permettrait d'éviter un retour en détention, contre Johan Juncaj: "Vous donnez l'impression d'être dans un vrai repentir" a-t-il dit à ce jeune homme accusé d'avoir été un propagandiste actif, lié à l'un des jihadistes français les plus connus, Mourad Fares.

Le procès doit s'achever vendredi sur des plaidoiries. La décision devrait être mise en délibéré.

Les audiences ont permis de comprendre en partie la constitution, en quelques mois en 2013, via internet essentiellement, d'un petit groupe dont seul un membre a vraiment fait le voyage pour la Syrie, les autres peinant à concrétiser ce projet et échafaudant des projets d'escroquerie ou de trafic plus ou moins aboutis.

Cette "filière francilienne" est rattachée à la sphère d'influence de Mourad Fares, détenu en France après un séjour en Syrie, tout comme la filière dite "de Strasbourg", dont est issu l'un des kamikazes du Bataclan.

Hasard du calendrier, sept membres de cette filière strasbourgeoise, revenus de Syrie, étaient jugés cette semaine en appel, après avoir écopé d'entre six et huit ans de prison en première instance.

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