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Golfe: il faudra "beaucoup de temps" pour rétablir la confiance, selon le Qatar

Le Qatar a estimé mardi qu'il faudra "beaucoup de temps" pour rétablir la confiance entre l'émirat et les quatre pays arabes qui ont coupé toute relation avec lui.

Le 5 juin, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte ont rompu leurs relations diplomatiques avec Doha en l'accusant d'avoir des liens avec des organisations extrémistes et de se rapprocher de l'Iran, grand rival de Ryad.

Ces pays ont également imposé des sanctions à ce petit émirat gazier du Golfe qui a rejeté toutes les accusations, affirmant que ses adversaires cherchaient à mettre sa politique étrangère "sous tutelle".

Alors que la crise du Golfe est entrée dans sa onzième semaine, le ministre qatari des Affaires étrangères cheikh Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani a indiqué que les relations régionales avaient été brutalement transformées par la tourmente actuelle.

Le Qatar fait partie --comme l'Arabie, les Émirats et Bahreïn-- du Conseil de coopération du Golfe (CCG), une organisation régionale créée en 1981 et qui comprend également le Koweït et Oman.

"Le Qatar a été l'un des fondateurs du CCG et nous considérons encore que cela est très important pour nous tous dans la région", a déclaré le ministre lors d'une rencontre avec des journalistes francophones à Doha.

"Cette organisation a été construite sur une sécurité stratégique et sur la confiance. Malheureusement, avec ce qui s'est produit dernièrement, ce facteur est manquant maintenant et il faudra beaucoup de temps pour rétablir la confiance", a dit le haut responsable qatari, ajoutant: "Nous espérons que cela sera rétabli".

- 'Crise infondée' -

"On n'a pas besoin d'une telle crise dans la région, nous avons suffisamment de problèmes et suffisamment de conflits", a poursuivi le ministre qatari.

"Une région comme celle du Golfe, considérée autrefois comme la plus stable du monde arabe, est à présent déstabilisée à cause (...) d'une crise infondée."

Néanmoins, il a ajouté que les efforts diplomatiques déployés par le Koweït, qui joue les médiateurs, se poursuivaient.

"Nous avons encore reçu il y a quelques jours une lettre de l'émir du Koweït (...) pour encourager les parties à engager un dialogue".

Malgré cela, Cheikh Mohammed a dit que le Qatar attendait toujours des nouvelles de ses frères ennemis.

"Exprimez vos revendications et présentez vos preuves. Nous leur avons dit (aux quatre pays menés par l'Arabie saoudite): quelles que soient les preuves dont vous disposez, posez-les juste sur la table".

"Soixante douze jours ont passés depuis (qu'ils ont imposé) leurs mesures et nous n'avons toujours pas reçu un seul document."

Certains experts n'écartent pas que l'incertitude diplomatique dans la région n'entraîne la disparition du CCG.

L'un d'eux, Andreas Krieg, analyste associé au King's College de Londres, estime ainsi que le CCG "est en train de mourir".

L'émir du Koweït fera tout son possible pour régler la crise et sauver le CCG. "Mais, si l'on veut être réaliste, le CCG ne pourra pas survivre à cette crise", a affirmé M. Krieg.

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