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GROUPON va mal: pourquoi?

Place à l’économie et aux entreprises avec Bruno Wattenbergh dans le Bel ECO ce matin sur Bel RTL. L’économiste a abordé une entreprise en difficulté, GROUPON. L’entreprise américaine de coupons de réduction compte supprimer 1.100 emplois, soit près de 10% de son personnel. Pourquoi ?

Groupon, le site de coupons en lignes a annoncé hier qu'il comptait supprimer 1.100 emplois et se retirer de plusieurs pays ... qu’est-ce qui se passe chez ce géant américain du busines internet ? 

Bruno Wattenbergh, économiste: Eh bien tout simplement une restructuration chère et vilaine. L’entreprise veut maigrir, à la fois en se retirant de pays non rentables ou compliqués et à la fois en licenciant le personnel devenu excédentaire. Quant à son créateur, un jeune claviériste punk, il a quitté l’entreprise il y a deux ans déjà ...

Mais est-ce qu’il n’y a pas un problème de modèle d’affaire, de business model comme on dit dans le jargon ?
Bruno Wattenbergh, économiste: Eh bien oui. Si l’entreprise a atteint une valeur boursière de 30 milliards de $, aujourd’hui cette valeur ne représente plus qu’un dixième de cette somme. La faute justement à un business model compliqué, cher, pas assez automatisé, et donc coûteux en interventions humaines, ou encore un modèle qui n’a pas vraiment évolué depuis son lancement. Vous ajoutez à cela de lourds investissements informatiques pour unifier des plateformes disparates et vous comprenez pourquoi l’entreprise n’a pas encore engrangé de bénéfices. Et puis, l’autre gros problème de Groupon, c’est la concurrence. C’est un marché sans barrière à l’entrée. Vous pouvez demain allez démarcher des commerces et commercialiser des coupons. L’entreprise est donc attaquée de toutes parts. Non seulement par de petits acteurs locaux, mais aussi par des concurrents, comme Google ou Amazon, plus gros, plus puissants, qui font jouer les synergies avec leurs énormes bases de données de commerçants et qui, en plus, peuvent perdre de l’argent sur cette activité si nécessaire. Bref, Groupon doit faire des économies et rapidement réinvestir celles-ci dans l’entreprise pour la rendre plus efficace, plus efficiente et plus performante.


Faut-il croire à ce système de coupons en ligne ?
Bruno Wattenbergh, économiste: Alors, en proposant cette chronique hier sur Facebook, plusieurs de mes relations m’ont expliqué leurs mauvaises expériences en tant que commerçant ou client de Groupon. Et c’est vrai, on a un peu eu l’impression qu’ils se sont lancés comme des cow-boys à l’époque. Aujourd’hui, on dispose d’un peu plus de reculs et donc de nuances. D’abord, il y a des pays ou Groupon, culturellement cartonne, comme en Italie par exemple. Et dans les pays où Groupon fonctionne bien, leur modèle crée une valeur incontestablement positive pour une majorité de commerçants et de clients.

Quelles sont ces valeurs ?
Bruno Wattenbergh, économiste: L’apport de nouveaux clients confirmé par 90% des commerçants américains de Groupon. Le fait que 74% des clients américains n’auraient pas visité le commerçant sans le coupon. Dernière constatation, sans surprise, le client de Groupon est une femme à 74%. Bref, il y a de la valeur créée, mais plus que probablement, si l’entreprise veut survivre, elle doit innover encore et encore pour mieux capturer cette valeur, sous peine de se faire racheter par un des géants de l’internet. Achat que Groupon s’était payé le luxe de refuser en 2010 quand Google avait fait une proposition de rachat à 5,3 milliards de $. 

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