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Le chômage repart à la baisse, mais l'emploi reste précaire

Le chômage baisse à nouveau: après deux mois décevants, l'indicateur de Pôle emploi a renoué avec sa tendance du début d'année, mais les anciens chômeurs n'accèdent pas encore à l'emploi stable.

Fin juillet, l'opérateur public recensait sur ses listes 3,51 millions de chômeurs en métropole (-19.100, -0,5%) et 3,76 millions en incluant l'Outre-mer. L'indicateur, qui atteint son plus bas niveau depuis février 2015, est quasi-stable sur trois mois (-0,1%). Mais il reste en forte baisse depuis le début de l'année (-73.900 en métropole, -2,1%) et sur un an (-44.100, -1,2%).

Juste avant la publication des chiffres, le président François Hollande, qui conditionne sa candidature en 2017 à une décrue "durable" du chômage, s'était félicité, lors d'un déplacement dans le Maine-et-Loire, de la "tendance" à la "baisse du chômage" depuis le début de l'année.

Le paysage n'est toutefois pas idyllique. Le nombre de demandeurs d'emploi ayant exercé une activité réduite au cours du mois a, lui, nettement augmenté (+1,4% sur un mois). Au total, le nombre de demandeurs d'emploi (avec et sans activité) est en légère hausse (+0,1%), pour un total de 5,44 millions en métropole et de 5,74 millions en France entière.

"C'est l'effet des vases communicants", analyse Bruno Ducoudré, économiste à l'OFCE. "Quand le chômage baisse, ça commence par des petits boulots, des CDD, de l'intérim. Cela traduit une amélioration du marché de l'emploi, mais il faudrait que, dans les trimestres à venir, l'emploi devienne plus pérenne."

Pour l'heure, "la reprise est trop timide pour avoir une baisse plus importante du chômage", estime-t-il.

- Effets du plan 500.000 -

Les situations des jeunes (-0,9%) et des seniors (-0,3%) se sont améliorées en juillet, mais elles connaissent des évolutions opposées sur un an: les "moins de 25 ans" profitent d'une nette embellie (-5,9%) alors que les "50 ans ou plus" restent en hausse de 2,8%.

La deuxième "évolution de fond" revendiquée par la ministre concerne le chômage de longue durée, qui recule pour le cinquième mois consécutif. Fin juillet, 2,41 millions de personnes étaient inscrits à Pôle emploi depuis au moins un an, petite activité comprise, soit 58.400 de moins que fin 2015.

"Ceci traduit l'efficacité de nos actions en faveur des plus fragiles", se réjouit Mme El Khomri.

Cette série coïncide toutefois avec la mise en place du plan de 500.000 formations supplémentaires ciblées sur les chômeurs les moins qualifiés et de longue durée. Or, en entrant en formation, les demandeurs d'emploi quittent les catégories A, B ou C de Pôle emploi, pour rejoindre la catégorie D, moins commentée.

Celle-ci a atteint un niveau record en juillet, à 308.900 personnes, alors qu'elle n'avait jamais dépassé les 287.000 avant cette année. Ses effectifs ont grossi de 10,1% sur le trimestre.

"Le ciblage du plan 500.000 peut expliquer une partie de la baisse, mais pas l'intégralité", estime M. Ducoudré.

Quant au ministère, il réfute tout lien entre la baisse du chômage et le plan 500.000 et veut y voir "une reprise globale de l'activité et des embauches".

Les autres indicateurs du marché du travail sont également dans le vert. Les entreprises privées restent sur cinq trimestres consécutifs de créations nettes d'emploi et ont gagné 143.300 postes sur un an. Quant au deuxième thermomètre du chômage, le taux de l'Insee, il a nettement baissé au deuxième trimestre (-0,3 point), pour s'établir à 9,6% de la population active en métropole, un niveau inédit depuis 2012.

Mais ces chiffres laissent sceptiques les syndicats opposés à la politique du gouvernement. Les deux têtes d'affiche de l'intersyndicale anti loi travail, la CGT et Force ouvrière, ont dénoncé en chœur une hausse de la "précarité", dans deux communiqués distincts.

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