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Jihad en Syrie: jusqu'à 15 ans requis au procès d'une filière du sud-ouest

Jusqu'à quinze ans d'emprisonnement ont été requis jeudi à Paris à l'encontre de six hommes, parmi lesquels le beau-frère de Mohamed Merah, accusés d'être partis en Syrie en 2014 aux côtés de figures du jihadisme français et de proches du "tueur au scooter".

Ce dossier dit "toulousain", jugé en correctionnelle à quelques encablures du procès du frère de Mohamed Merah aux assises, occupe "une place importante dans l'histoire récente du jihadisme en France", a déclaré le procureur en préambule.

Parmi ces six prévenus, trois s'étaient retrouvés dans la nature après leur expulsion de Turquie vers la France, sans personne pour les interpeller, à la faveur d'un "cafouillage" franco-turc. Ils s'étaient rendus dans la foulée mais ce raté retentissant avait créé la polémique en France.

Imad Djebali, Abdelouahed El-Baghdadi - époux de Souad Merah - et Gaël Maurize étaient partis pour la Syrie début 2014, au même moment qu'une quinzaine d'autres hommes originaires, comme eux, de Toulouse ou Albi.

Djebali et El-Baghdadi faisaient partie du groupe de Toulouse, une émanation selon l'accusation d'une précédente filière jihadiste dite d'Artigat (village de l'Ariège) vers l'Irak pendant la guerre, dossier dans lequel le même Djebali a été condamné en 2009.

On retrouvait parmi le groupe de Toulouse le demi-frère par alliance de Mohamed Merah, Sabri Essid. Quentin Lebrun, qui brûlera son passeport dans une vidéo de l'organisation Etat islamique (EI) fin 2014. Ou Jean-Michel Clain, qui revendiquera, avec son frère Fabien, les tueries du 13 novembre 2015.

En 2013, certains Toulousains, surveillés par les autorités, s'adonnent, sous la houlette d'Imad Djebali, à des entraînements "paramilitaires" et à des cours de religion à connotation jihadiste dispensés par le charismatique Thomas Barnouin, un Albigeois lui aussi condamné dans l'affaire Artigat.

Ils louent "un appartement conspiratif", détaille le procureur, et montent le son de la radio pour "brouiller les écoutes": "On peut penser qu'ils sont sur le point de passer à l'acte". Quel acte ? Mystère.

- "Réunions Tupperware" -

"On tente de nous faire croire que ce serait des sortes de réunions Tupperware entre salafistes", ironise le représentant de l'accusation. "On ne les empêche pas de partir en Syrie, on se dit sans doute qu'ils seront moins dangereux là-bas".

Barnouin met en relation les Toulousains avec des Albigeois, dont Gaël Maurize. Au total, une vingtaine de jeunes gens partent successivement en Syrie début 2014, souvent en famille.

Les six prévenus jugés depuis lundi contestent avoir mené le jihad armé. L'un nie avoir été en Syrie.

Ils "ne peuvent bénéficier de l'excuse de naïveté" et invoquer un "séjour mystico-humanitaire", balaie le procureur: le groupe connaît les accointances jihadistes de Barnouin et certains Toulousains, proches de la famille Merah, "ont une idée particulière de ce à quoi peut mener le terrorisme jihadiste" en France.

Sur place, poursuit le magistrat, la plupart sont "directement" intégrés au sein de l'EI, dans des "lieux stratégiques", Tabqa et Jarablous.

Et si Imad Djebali, Abdelouahed El-Baghdadi et Gaël Maurize se sont rendus après leur retour mouvementé, ils n'avaient sans doute "pas le choix", estime-t-il.

Imad Djebali apparaît comme ayant "le rôle le plus central", selon le magistrat, qui requiert quinze ans d'emprisonnement à son encontre.

Contre Abdelouahed El-Baghdadi, "champion des déclarations invraisemblables" qui affirme n'avoir "rien fait, rien vu" en Syrie, le procureur demande neuf ans d'emprisonnement. Et huit contre Gaël Maurize, à chaque fois avec période de sûreté des deux-tiers.

A l'encontre des trois autres prévenus, interpellés dans des conditions plus classiques, le parquet a demandé cinq à neuf ans d'emprisonnement.

Détenu à l'isolement depuis trois ans, Abdelouahed El-Baghdadi estime payer son mariage avec Souad Merah, a-t-il déclaré mardi. Elle se trouverait aujourd'hui en Algérie.

Barnouin, Lebrun, Clain et Essid seraient toujours en Syrie, vivants ou morts.

Jugement vendredi.

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