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JO-2016: les Argentins regardent de loin des Jeux pourtant proches

Les JO de Rio ne passionnent pas l'Argentine, la grande voisine du Brésil: la plupart des disciplines sont peu pratiquées dans un pays focalisé sur le football mais une poussée de fièvre olympique peut survenir au gré des médailles.

En 2014, des hordes d'Argentins avaient fait le voyage au Brésil, par la route ou en avion, pour encourager la bande à Messi, battue en finale du Mondial, avec ou sans billet pour aller au stade. Mais les Jeux n'ont pour l'instant pas réussi à mobiliser les Argentins.

Vendredi, jour de la cérémonie d'ouverture, il fallait feuilleter le quotidien sportif Olé jusqu'à la 18e page pour y lire un article sur les JO, dans un cahier spécial. Le reste du journal était consacré à l'actualité football.

Dimanche, la photo de la judoka Paula Pareto, médaille d'or attendue, s'étalait à la une de tous les journaux, sans pour autant déclencher un engouement pour la compétition.

"Les Jeux olympiques? Ca se joue où?" répond Carlos Miguel Velazquez, un agent de sécurité âgé de 43 ans. "Moi, je suis supporteur de Boca Juniors, et à part le foot, je n'y connais pas grand-chose."

Dans un pays où le foot est roi, les autres sports ont du mal à exister.

"L'Argentine est avant tout un pays de football. L'Argentin est passionné quand il s'agit des couleurs de son club, de la sélection ou de son sport. Il n'y a pas de grand engouement pour les jeux Olympiques. Cela dit, si un Argentin gagne une médaille, un engouement naîtra, par chauvinisme sportif", assure Julio Marini, ancien chef du service des sports du journal Clarin.

"L'offre de sport à la télévision est telle, que les gens deviennent plus sélectifs", poursuit-il.

Lors de la décennie écoulée, les médailles d'or glanées par les équipes de football, basket et hockey sur gazon ont passagèrement accentué l'intérêt pour la fête olympique.

En plein milieu de l'hiver austral, après la défaite de l'Argentine en finale de la Copa America début juillet et le mélodrame de la retraite internationale de Lionel Messi, les Jeux d'été passent après les 16es de finale de la Coupe d'Argentine.

-'Je ne connais pas les règles'-

Une tendance qui pourrait "peut-être évoluer", remarque Julio Marini, pendant la deuxième partie de la compétition, alors que Buenos Aires se prépare pour accueillir en 2018 les troisièmes jeux Olympiques de la jeunesse.

En Argentine, les Jeux sont accessibles sur quatre chaînes, deux latino-américaines, ESPN et Fox Sports, et deux argentines, TyC Sports et TV Publica.

Avec 70 médailles glanées en 23 participations depuis 1900, dont 24 en boxe dans les années 1920, 1930 et 1940, l'Argentine se situe au-delà du 30e rang mondial, loin derrière le premier pays latino-américain, Cuba, avec 208 médailles.

"Je regarde le résumé au journal télévisé, mais je ne suis pas les compétitions. Ce ne sont pas des compétitions qu'on a l'habitude de voir. La plupart des sports, je ne connais même pas les règles", raconte Luis Davila, un ingénieur âgé de 50 ans.

"Je regarde un peu le foot, mais pas les JO, on n'a pas la culture ici. Les sports qu'on voit aux JO n'existent presque pas ici", explique Juana Casadei, 40 ans, qui travaille dans une banque.

En 2012 à Londres, la moisson olympique s'était résumée à 4 médailles. Une en or en taekwondo, l'argent pour l'équipe féminine de hockey sur gazon et deux de bronze en voile et en tennis pour Juan Martin Del Potro, auteur dimanche d'un exploit majuscule, en sortant le N.1 mondial Novak Djokovic, dès le premier tour du tournoi olympique.

A Rio, la sélection argentine de football bâtie à la hâte aura un coup à jouer. Après une défaite contre le Portugal, elle a battu l'Algérie. En 2004, avec Mascherano et Tevez, et en 2008 avec Messi, Lavezzi et Agüero, les footballeurs avaient décroché l'or.

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