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Jusqu'à 3.000 jihadistes de l'EI pourraient revenir en Europe

Entre 1.200 et 3.000 Européens ayant vécu ou combattu avec l'organisation État islamique (EI) en Irak et Syrie pourraient revenir en Europe, selon un rapport d'analystes qui appelle les pays concernés à préparer minutieusement la gestion de ces retours à risques.

"La plupart des pays membres de l'Union européenne", dont la France, "s'attendent à une augmentation lente mais progressive des retours de combattants" de l'EI et du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ancien front al-Nosra, lié à Al-Qaïda), souligne le Réseau européen de sensibilisation à la radicalisation (Radicalization awareness network, RAN), créé par la Commission européenne.

Le nombre de ces "revenants" devrait notamment augmenter si le "califat" autoproclamé de l'EI, qui a beaucoup cédé de territoire en Syrie et Irak ces derniers mois, "est vaincu militairement ou s'effondre", note-t-il dans un rapport remis en juillet aux pays membres de la Commission.

Diverses estimations prévoient "entre 1.200 et 3.000 retours" d'Européens avec "des antécédents différents", en grande partie "des femmes et des enfants", ajoute le RAN, qui estime qu'"environ 30%" sont déjà rentrés, au su des autorités - ils sont alors souvent arrêtés - ou clandestinement.

Selon le RAN, "plus de 42.000 combattants terroristes étrangers" ont rejoint l'EI "depuis plus de 120 pays" entre 2011 et 2016 - un afflux d'une ampleur inédite dans l'histoire du jihad dans le monde - dont "plus de 5.000" d'Europe.

Ces derniers sont pour beaucoup partis "de Belgique, de France, d'Allemagne et du Royaume-Uni, d'Autriche, du Danemark, de Finlande, d'Italie, des Pays-Bas, d'Espagne et de Suède", ajoute-t-il, en précisant que le taux de retour "est plus élevé", proche de la moitié, pour le Danemark, la Suède et le Royaume-Uni.

15 à 20% sont morts sur place, 30 à 35% sont déjà rentrés et environ 50% sont encore en Syrie et en Irak, selon l'Union européenne.

Selon la justice française, sur un millier de Français partis en zone jihadiste irako-syrienne, environ 300 y sont morts et 700 adultes (dont 300 femmes) s'y trouvaient encore en juin, avec quelque 400 enfants. Le rapport, citant lui aussi des chiffres de responsables français, parle, lui, d'environ 460 mineurs français, dont la moitié ont moins de cinq ans et un tiers sont nés là-bas.

Alors que la mobilisation des combattants étrangers a semblé atteindre un pic en 2015, la perspective de retours importants est "une préoccupation sérieuse et croissante" en Europe, sachant que certains "revenants" ont participé aux attaques de novembre 2015 à Paris et de mai 2014 et mars 2016 à Bruxelles, souligne le rapport.

Ils peuvent également revenir car ils ont perdu leurs illusions, ont des remords, par opportunisme (ils sont toujours radicaux mais veulent de meilleures conditions de vie), pour intégrer une cellule jihadiste dormante en Europe, ou de manière involontaire (lorsqu'ils sont arrêtés), explique-t-il.

Le rapport distingue deux générations de "revenants". La première, majoritairement masculine, inclut ceux qui sont allés en Syrie pour raisons humanitaires ou combattre le régime de Bachar al-Assad, plus portés à revenir désillusionnés et possiblement moins violents que la seconde, l'actuelle, plus aguerrie, idéologisée et peut-être de retour en Europe avec le souhait d'y mener des attaques.

"La plupart d'entre eux seront victimes de traumatismes pour avoir causé ou été témoins de violences", souligne enfin le RAN qui, au-delà du constat, présente un catalogue de mesures pour encadrer au mieux ces retours, notamment une évaluation rapide des niveaux de dangerosité, un traitement complet et individualisé de chaque cas mettant l'accent sur la normalisation et la resocialisation.

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