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RTLinfo a eu accès à la lettre écrite par un proche d'un kamikaze de Bruxelles, détenu en Turquie: "Je risque de le payer cher"

C'est une information exclusive à laquelle RTLinfo a eu accès: une lettre écrite par Khaled Khattab, un proche de Najim Laachraoui, l'un des kamikazes de l'aéroport de Bruxelles. Condamné en Belgique dans le cadre d’une filière d’envoi de combattants, il s'est enfui en Syrie mais a été arrêté en Turquie. Depuis sa cellule turque, il explique les raisons de sa fuite et se plaint des conditions de détention. Une information développée par Benjamin Samyn et Thomas Decupère.

Le courrier rédigé de la main de Khaled Khattab, un Belge d’origine syrienne, porte des cachets officiels turcs. L’homme de 27 ans s’adresse d’abord à l’ambassade de Belgique, et ensuite à ses parents. Il explique être emprisonné en Turquie pour des faits de terrorisme.

"Ils me soupçonnent de vouloir rejoindre Daesh. Je leur ai tout expliqué en détails, que j’allais rejoindre l’Armée Syrienne Libre (rassemblement de groupes rebelles formé en 2011 lors de la guerre civile syrienne) à Idleb. Que dans cette région Daesh n’existe pas, qu’ils sont loin et que Daesh sont mes ennemis, que je les déteste", écrit le prisonnier.


"Son but était vraisemblablement d'éviter l'emprisonnement en Belgique"

Cette explication est la même que celle de sa défense lors de son procès, mais elle n’a pas convaincu la justice belge. Elle l'a condamné pour son appartenance à l’Etat islamique via le réseau du plus célèbre recruteur belge, Khalid Zerkani. "Son but était vraisemblablement d'éviter l'emprisonnement en Belgique. Il a utilisé, pour repartir vers la Syrie, les filières et les moyens que lui avaient procuré à l'époque Khalid Zerkani. Car il faut savoir que cette cellule était parfaitement organisée, tant au niveau du recueil d'argent, qu'au niveau des passeurs et de la fourniture de faux documents, etc.", estime André Jacob, ancien responsable du service anti-terrorisme de la sûreté de l'Etat.



"Je sais que je n'ai pas fait le bon choix"

Dans sa lettre, Khaled Kattab évoque également un trajet complexe et étudié de Rotterdam vers Rome, passant ensuite par Sofia, avant de traverser illégalement la frontière turque, et qui prend fin avec son arrestation dans un bus. "Je sais que je n’ai pas fait le bon choix en partant maintenant, en franchissant illégalement la frontière turque. J’avais seulement peur de la prison et peur pour mon peuple, le peuple syrien. Je risque sans doute de le payer cher en Belgique, et encore plus cher si je ne suis pas présent et jugé par défaut", affirme l'homme.


"C'est probablement que les autorités turques ont refusé l'extradition"

Khaled Kattab parle de son procès en appel qui est en cours. Contacté cette après-midi, le parquet fédéral précise n’avoir aucune nouvelle de la Turquie concernant la demande d’extradition du condamné. "À mon avis, si la personne a été arrêtée en novembre, et qu'elle n'est toujours pas arrivée en Belgique, c'est probablement que les autorités turques ont refusé l'extradition. Parce que la procédure ne prend pas autant de temps", explique Hamid El Abouti, avocat en première instance de l'un des membres de la filière.

Dans son courrier d’une dizaine de pages, Khaled Kattab dénonce également ses conditions de détention et implore pour un retour en Belgique. "Je pense qu’ils m’ont placé en isolement car je suis tout seul. Personne ne parle français ni arabe. Ceci est un appel à l’aide, je vous implore de m’aider. J’aimerais retourner en Belgique. Je n’en peux plus de ces conditions de détention et j’ai peur pour ma santé", dit-il.

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