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L'Europe après #Metoo: quelques scandales, plusieurs lois et des manifestations

Déferlement de témoignages, manifestations, débats sur la "liberté d'importuner", redéfinition du viol, démissions fracassantes ou, au contraire, remise en cause d'un mouvement planétaire: tour d'horizon européen un an après l'affaire Weinstein et #Metoo.

Suède

Dans ce pays, en pointe sur l'égalité femmes-hommes, le scandale #Metoo a bouleversé la société, ébranlant jusqu'à la prestigieuse Académie suédoise, qui décerne le Nobel de littérature.

Le Français Jean-Claude Arnault, marié à une académicienne, a été accusé en novembre de viol ou agression sexuelle par 18 femmes, provoquant le report d'un an du célèbre prix. Condamné début octobre à deux ans de prison pour le viol en octobre 2011 d'une jeune femme dans un appartement de Stockholm, il a fait appel.

Cet été, une loi sur le consentement sexuel est entrée en vigueur, considérant comme viol tout acte sexuel sans accord explicite, même en l'absence de menace ou violence.

France

Ce pays réputé pour sa "galanterie" a connu une vague de témoignages sans précédent sur les réseaux sociaux, via les mots-dièse #Metoo et #Balancetonporc. Le choix des mots de ce dernier, lancé par une journaliste française pour dénoncer les agissements d'un collègue, a suscité de vifs débats.

L'actrice Catherine Deneuve a notamment pris le contrepied du mouvement, signant en janvier avec une centaine de femmes une tribune défendant "une liberté d'importuner".

Niveau législatif, le gouvernement français a fait voter cet été une loi "contre les violences sexuelles et sexistes", annoncée peu avant l'affaire Weinstein. Elle condamne notamment le fait de prendre des photos sous les jupes des femmes ("upskirting" en anglais), permet de pénaliser le harcèlement de rue, mais renonce à instaurer un âge minimal de consentement à un acte sexuel, promis à 15 ans, décevant très fortement les associations.

Espagne

Inspiré par la Suède, le gouvernement espagnol a annoncé en juillet qu'il comptait proposer une réforme du code pénal pour introduire également la notion de consentement sexuel explicite.

Ce pays a connu en 2018 un sursaut féministe notamment après l'affaire de "la Meute", dans laquelle cinq jeunes hommes accusés d'avoir violé une jeune femme à Pampelune lors des fêtes de San Fermín en 2016 ont été poursuivis pour "agression sexuelle" et libérés sous caution.

Cette affaire a conduit des milliers d'hommes et des femmes à descendre dans les rues.

Des Espagnoles se sont également mises à raconter sur les réseaux sociaux des agressions sexuelles subies, sous le hashtag #Cuéntalo ("Raconte-le"), donnant un nouvel écho à la vague mondiale #MeToo qui avait eu jusqu'alors peu de répercussions en Espagne.

Royaume-Uni

Un vaste scandale a éclaté après des révélations sur une "culture" du harcèlement sexuel dans la classe politique, coûtant leurs postes au ministre de la Défense Michael Fallon, au vice-Premier ministre Damian Green et au secrétaire d'Etat au Commerce international Mark Garnier.

Plusieurs ONG, dont Oxfam, ont également été éclaboussées pour des faits d'abus sexuels, de recours à des prostituées, de harcèlement ou d'intimidation, perdant des milliers de donateurs.

L'acteur américain Kevin Spacey, visé par plusieurs plaintes aux Etats-Unis, est l'objet d'une enquête pour des agressions sexuelles qui auraient été commises entre 2005 et 2008 lorsqu'il dirigeait un théâtre londonien.

Le pays réfléchit également à une loi condamnant l'"upskirting" (photographier sous les jupes des femmes sans leur consentement).

Pays-Bas

Le prestigieux Orchestre royal du Concertgebouw à Amsterdam a licencié début août son directeur musical, l'Italien Daniele Gatti, mis en cause par plusieurs femmes dénonçant des actes de harcèlement sexuel commis en 1996 et 2000. Une affaire qui a rappelé les mises à l'écart d'autres chefs d'orchestre accusés d'avoir abusé de leur position éminente, l'Américain James Levine et le Suisse Charles Dutoit, à New York et Montréal notamment.

Russie

Dans une nation qui se présente comme une "championne des valeurs traditionnelles", le mouvement #Metoo n'a eu que très peu d'impact. Un seul cas a fait du bruit, celui de l'influent député Léonid Sloutski, accusé par plusieurs journalistes de harcèlement sexuel.

M. Sloutski, qui a accueilli les accusations avec un mépris marqué et s'est même félicité d'avoir "gagné en autorité" grâce au scandale, a fait l'objet d'une enquête de la commission d'éthique du Parlement, qui n'a pas relevé de "violations des règles" dans son comportement. Depuis, le mouvement est quasiment tombé dans l'oubli.

Allemagne

En Allemagne, la campagne #Metoo a peu surpris. Le pays, touché précédemment par des scandales sexuels, notamment lors du Nouvel An 2016 à Cologne, a durci sa législation sur le viol dans l'année qui a suivi, retenant l'absence de consentement comme unique critère.

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