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L'ONU exhorte la Turquie à accueillir les milliers de Syriens fuyant Alep

L'ONU a appelé mardi la Turquie à ouvrir sa frontière aux dizaines de milliers de civils massés dans des camps saturés après avoir fui une vaste offensive du régime contre les rebelles à Alep dans le nord de la Syrie en guerre.

Pour la troisième fois en moins d'une semaine, les Etats-Unis ont appelé la Russie, qui aide militairement le régime, à cesser ses raids principalement dans la province d'Alep, à deux jours d'une conférence internationale jeudi à Munich consacrée au conflit qui a fait depuis mars 2011 plus de 260.000 morts et chassé de chez elle plus de la moitié de la population.

Malgré les appels de la communauté internationale, Ankara maintient fermé le poste-frontière d'Oncupinar, le seul point de passage accessible entre le nord de la province d'Alep et la Turquie.

"Nous demandons à la Turquie d'ouvrir sa frontière à tous les civils de Syrie qui fuient le danger et sont en quête d'une protection", a déclaré un porte-parole du Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, William Spindler.

Les déplacés se retrouvent "coincés. Ils (...) ne peuvent entrer en Turquie", a déploré Ahmad al-Mohammad, de Médecins sans frontières (MSF).

L'ONU évalue à 31.000 le nombre de Syriens, dont 80% de femmes et d'enfants, ayant fui depuis le début le 1er février de l'offensive du régime qui, avec l'appui de l'aviation russe, du Hezbollah libanais et de miliciens, a repris plusieurs secteurs dans le nord de la province d'Alep et assiégé les rebelles dans les quartiers Est de la ville éponyme.

- Inquiétudes européennes -

Les camps de déplacés sont désormais pleins et "il n'y a plus suffisamment de places pour accueillir toutes les familles", a dit MSF. A Azaz, une ville à 5 km de la frontière, des familles entières sont contraintes de dormir à la belle étoile ou de se serrer à 20 dans des tentes conçues pour sept personnes.

La Turquie ouvre toutefois le poste-frontière d'Oncupinar pour le passage des blessés, des malades et des convois d'aide chargés de nourriture.

"La plupart des familles sont parties avec seulement les vêtements qu'ils portaient", selon MSF, qui souligne que des problèmes de santé, notamment la diarrhée, ont fait leur apparition à cause du froid et de la promiscuité.

Alors qu'elle accueille déjà plus de 2,5 millions de réfugiés syriens, la Turquie redoute un nouvel afflux pouvant selon elle atteindre 600.000 personnes.

Son objectif, dit-elle, est donc "pour l'instant de maintenir (...) cette vague de migrants au-delà de (ses) frontières et de leur fournir les services nécessaires".

Pour le président du Conseil européen Donald Tusk, les frappes russes font croître le nombre de réfugiés se pressant aux portes de l'Europe.

La perspective d'une nouvelle vague de réfugiés inquiète l'Europe ébranlée par la crise des migrants. Une possible implication de l'Otan dans le contrôle des côtes turques sera étudiée "très sérieusement" par les ministres de la Défense mercredi et jeudi à Bruxelles.

- Les rebelles décrochent -

Le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter tentera à Bruxelles de muscler la coalition contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui a profité de la guerre entre régime et rebelles pour s'emparer de vastes pans de territoire, notamment à la frontière d'Irak où il sévit également.

Mardi à Damas, un kamikaze de l'EI a fait exploser une voiture piégée devant un club de la police, tuant neuf personnes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Sur le front, les rebelles reculent dans plusieurs régions, en particulier dans la province d'Alep. L''armée se trouve à seulement 20 km de la frontière turque et se rapproche de Tall Rifaat, un des trois derniers fiefs des rebelles qui décrochent de certaines positions pour minimiser leurs pertes.

La stratégie du régime "est de fermer la frontière turque pour priver les rebelles du soutien logistique", souligne Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie, alors qu'Ankara appuie les rebelles face au régime de Bachar al-Assad.

Malgré les appels à cesser le feu, la Russie a poursuivi ses raids dans la région d'Alep, après avoir appelé la chancelière allemande Angela Merkel à surveiller ses paroles, pour avoir affirmé que les frappes russes étaient responsables de la mort de civils.

"La situation est très mauvaise. La ville (d'Alep) a été totalement détruite par les bombardements russes", a témoigné Mohamed, un combattant rebelle blessé qui a traversé la frontière turque.

Dans ce conflit très complexe, outre les morts, les réfugiés et les déplacés, plus d'un million de Syriens vivent dans une cinquantaine de localités assiégées principalement par le régime, selon des ONG.

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