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La Chine exploite politiquement les Universiades de Taïwan

Taïwan organise pour la première fois de son histoire un événement international, les 29e Universiades d'été, mais c'est la Chine populaire qui en est déjà la grande gagnante, bien avant le début des compétitions samedi.

"Dans notre combat pour exister sur la scène internationale, nous n'avons pas d'autre choix que d'accepter de concourir sous l'emblème de Chinese Taipei", a reconnu Su Li-chiung, secrétaire général du gouvernement de Taïwan et responsable du comité d'organisation des Universiades.

Depuis que la Chine populaire a remplacé l'île-Etat à l'ONU, en 1971, Taïwan est représenté sous son nom de "Chinese Taipei" dans le concert international et participe aux jeux Olympiques depuis 1984 sous cette appellation, sous peine de représailles par Pékin.

Aux JO-2012 à Londres, un drapeau de Taïwan avait été décroché à Regent Street et remplacé par celui de Chinese Taipei après une plainte de l'ambassade de Chine.

"A l'origine, c'était une grande opportunité pour faire connaître Taïwan au monde entier. Mais malheureusement, nous ne pouvons nous présenter au monde que de façon dégradante", a regretté le législateur Huang Kuo-chang.

En contrepartie de ce comportement diplomatiquement correct -nom, drapeau et hymne neutres- des athlètes chinois feront partie des quelque 7000 étudiants issus de 131 pays qui se disputeront les médailles dans des disciplines allant du basket-ball au tennis de table en passant par les arts martiaux chinois, pendant deux semaines.

Les relations entre Pékin et Taipei se sont détériorées depuis l'arrivée au pouvoir, en mai, du président Tsai Ing-wen dont le Parti démocrate progressiste est favorable à l'indépendance de l'île. Et beaucoup craignaient alors un boycott de la Chine.

- Boycott chinois évité -

Selon les observateurs, la présence de jeunes sportifs chinois aux Universiades, uniquement dans les épreuves individuelles, est le résultat des efforts déployés par le maire de Taipei, Ko Wen-je à Shanghai, en juillet, lors d'un forum sur les échanges inter-cités.

Il a dû, cependant, concéder une contrepartie importante: à la cérémonie d'ouverture, Tsai Ing-wen aura le simple titre de "leader" et non de "président" de Taipei chinois.

Pékin, qui a réussi le 13 juin un coup diplomatique en établissant des relations avec le Panama aux dépens de Taïwan, dont les partenaires sont désormais réduits à 20, a donc déjà gagné sur tous les tableaux.

Ces contraintes désolent certains Taïwanais qui estiment que la Chine "manque de respect pour les jeux en y mêlant de la politique". D'autres se montrent fatalistes ou réalistes, à l'image de cet ouvrier fou de sports: "Le gouvernement est simplement impuissant!"

L'Etat de Taïwan, dont le nom officiel est la République de Chine, avait été fondé par le général Tchang Kai-chek après la défaite des nationalistes en 1949.

Mais en dépit des tensions avec la Chine, l'engouement populaire pour ces "petits jeux Olympiques" reste palpable grâce notamment à une campagne de marketing et de communication bien menée. Ainsi, le plancher des métros, peint en piste d'athlétisme ou en piscine, fait fureur sur les réseaux sociaux.

Et tous les billets pour les finales du tournoi de badminton se sont envolés en quelques heures, la star locale Tai Tzu-ying étant la N.1 mondiale de la discipline.

C'est sans doute cet engouement populaire et l'espoir de bons résultats des représentants locaux dans des sports comme le badminton, bien sûr, mais aussi le baseball et le taekwondo qui ont amené Su Li-chiung à sonner, une dernière fois, la mobilisation générale. "Je demande à tout le monde de s'unir et de travailler ensemble pour produire une grande fête", a-t-elle clamé.

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