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La Colombie offre protection et asile à l'ex-procureure du Venezuela, en fuite

La Colombie a offert lundi sa protection et l'asile à l'ex-procureure générale du Venezuela Luisa Ortega, qui a fui son pays où elle s'estimait victime de "persécution politique".

"La procureure Luisa Ortega se trouve sous la protection du gouvernement colombien. Si elle demande l'asile, nous le lui accorderons", a annoncé le président colombien Juan Manuel Santos sur son compte Twitter à propos de cette opposante au président socialiste Nicolas Maduro.

Ancienne chaviste (du nom du défunt Hugo Chavez, président de 1999 à 2013 et mentor de Nicolas Maduro) devenue dissidente, Mme Ortega, 59 ans, a été démise de ses fonctions le 5 août par la toute nouvelle Assemblée constituante acquise au chef de l'Etat vénézuélien.

Accompagnée de son époux, German Ferrer, député chaviste passé à l'opposition, elle est arrivée le 19 août à Bogota sur un vol privé après avoir transité par l'île caribéenne d'Aruba, bravant son interdiction de sortie du territoire vénézuélien. Elle s'estimait victime de "persécution politique".

Son mari est accusé de corruption par le régime de Caracas et risquait d'être arrêté, après que l'Assemblée constituante l'a privé jeudi de son immunité parlementaire.

Avant eux, cinq magistrats vénézuéliens ont déjà fui en Colombie.

Le président colombien n'a pas précisé de quels avantages bénéficierait Mme Ortega en étant placée sour la protection de Bogota.

Mais pour Ricardo Abello, expert en droit international de l'Université du Rosario, l'ex-procureure, en étant "protégée par les autorités", bénéficie déjà "techniquement" de l'asile.

"Évidemment cela ne va pas plaire au gouvernement vénézuélien, qui va lancer une nouvelle offensive contre Santos, mais là où nous en sommes, une offensive de plus ou moins, cela importe peu", dit-il en référence aux tensions croissantes entre les deux voisins depuis le début de la crise politique au Venezuela en avril.

- 'Caïn de l'Amérique' -

La réaction de Caracas ne s'est d'ailleurs pas faite attendre. Le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Jorge Arreaza a accusé lundi la Colombie d'être le "Caïn de l'Amérique", en référence au personnage qui dans la Bible tue son frère cadet Abel.

"Bogota est devenu le centre de la conspiration contre la démocratie et la paix au Venezuela. Honte historique du +Caïn de l'Amérique+", s'est emporté M. Arreaza sur son compte Twitter.

M. Maduro en personne s'en est pris dimanche à l'ex-procureure, à qui il a reproché d'avoir bloqué des enquêtes sur des cas présumés de corruption dont il avait lui-même ordonné l'ouverture.

Luisa Ortega, de son côté, a accusé le président vénézuélien d'être impliqué dans le vaste scandale de corruption autour du constructeur brésilien Odebrecht, affirmant détenir des preuves, dans un enregistrement audio diffusé à Puebla (Mexique) lors d'un sommet de procureurs.

M. Maduro est confronté depuis début avril à une vague de manifestations pour exiger son départ, sur fond de naufrage économique du pays, qui ont fait 125 morts.

Fin juillet, l'Assemblée constituante qu'il appelait de ses voeux a été élue. Après avoir destituée de ses fonctions Mme Ortega, cette assemblée s'est attribuée l'essentiel des pouvoirs du Parlement, seule institution vénézuélienne contrôlée par l'opposition.

A présent, l'Assemblée constituante assume "le pouvoir de légiférer sur les sujets visant directement à garantir la préservation de la paix, la sécurité, la souveraineté, le système socio-économique et financier, les biens de l'Etat et la primauté des droits des Vénézuéliens" et "tous les organes du pouvoir public (lui) sont subordonnés".

Le Venezuela se retrouve très isolé sur la scène internationale. Le président Santos a d'ailleurs brandi il y a quelques jours la menace d'une rupture diplomatique avec Caracas, alors que les critiques pleuvent de l'ONU, de Washington ou encore de l'Union européenne.

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