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La Turquie bombarde les Kurdes en Syrie et menace la Russie: va-t-on vers une guerre totale au Moyen-Orient?

La Turquie ne laissera pas la ville syrienne D'Azaz, située à proximité de la frontière turque, tomber aux mains des forces kurdes que l'artillerie turque bombarde depuis trois jours, a déclaré lundi le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu.

"Nous ne laisserons pas Azaz tomber. Le YPG (Unités de protection du peuple, les milices kurdes) ne sera pas autorisé à avancer vers l'ouest de l'Euphrate et à l'est (du canton) d'Afrin", a dit M. Davutoglu aux journalistes dans l'avion qui l'emmenait en Ukraine. Il a en outre sommé les combattants kurdes de Syrie de se retirer de l'aéroport de Minnigh, dont ils ont pris le contrôle la semaine dernière lors de leur avancée vers Azaz, dans la province d'Alep, situé à moins d'une dizaine de kilomètres de la frontière turque.

"Ils doivent se retirer de cet aéroport. Sinon nous rendrons cet aérodrome inutilisable", a affirmé le chef du gouvernement turc, cité par la chaîne d'information NTV. "Le YPG est actuellement et clairement un pion de la volonté expansionniste de la Russie en Syrie", a également estimé M. Davutoglu. Pour la troisième journée consécutive, l'artillerie turque a bombardé lundi depuis sa frontière des positions du YPG en représailles, selon Ankara, à des tirs venus de Syrie.

Depuis plusieurs mois, le gouvernement turc a mis en garde le Parti de l'union démocratique (PYD) et son bras armé, le YPG, contre toute velléité de s'installer durablement à l'ouest du fleuve Euphrate.

Le ministre turc de la Défense Ismet Yilmaz a fermement démenti lundi des accusations du régime de Damas selon lesquelles l'armée turque aurait envoyé des troupes sur le sol syrien et répété que son pays n'envisageait pas de le faire. Samedi, son collègue aux Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, avait lui affirmé que la Turquie et l'Arabie saoudite pourraient mener une intervention terrestre contre le groupe Etat islamique (EI) en territoire syrien.

"La Russie se comporte comme une organisation terroriste"

Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a par ailleurs accusé lundi à Kiev la Russie de se comporter "comme une organisation terroriste" en Syrie et brandi la menace d'une "riposte" turque "extrêmement résolue".

"Si la Russie continue de se comporter comme une organisation terroriste forçant la population civile à fuir, nous lui opposerons une riposte extrêmement résolue", a-t-il lancé lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue ukrainien Arseni Iatseniouk, selon des propos traduits en ukrainien. "La Russie et l'organisation de l'Etat islamique en Syrie sont coupables de nombreux crimes contre l'humanité. Et cette question doit être examinée dans le cadre du droit international", a-t-il poursuivi.

"La vraie intention de la Russie (en Syrie, ndlr) est de tuer le plus grand nombre de civils, de soutenir le régime syrien et de poursuivre la guerre", a encore accusé M. Davutoglu alors que l'aviation russe soutient depuis début février l'offensive du régime de Bachar al-Assad contre le bastion rebelle de Alep (nord), deuxième ville de Syrie. Ces frappes ont entraîné la fuite de dizaines de milliers de personnes que la Turquie a installées dans des camps en Syrie de l'autre côté de la frontière turco-syrienne.

La semaine dernière, à l'issue d'intenses négociations à Munich (Allemagne), les Etats-Unis, la Russie et leurs principaux alliés, dont la Turquie, sont tombés d'accord sur "une cessation des hostilités dans tout le pays dans un délai d'une semaine", avait déclaré le chef de la diplomatie américaine John Kerry. Ils ont également décidé un accès accru et "immédiat" de l'aide humanitaires aux civils qui fuient les combats, notamment l'offensive sur Alep.

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