Accueil Actu

L'armée du Bangladesh à la rescousse dans la crise des Rohingyas

Le Bangladesh a envoyé mercredi ses forces armées à la rescousse dans le sud du pays pour gérer l'aide aux centaines de milliers de réfugiés rohingyas, une crise humanitaire qui s'installe dans la durée.

Plus de 420.000 Rohingyas y ont trouvé abri depuis le 25 août pour fuir les violences dans l'ouest de la Birmanie voisine, où l'armée de ce pays mène ce que l'ONU considère comme une épuration ethnique.

Les pluies torrentielles de ces cinq derniers jours ont transformé en bourbiers les camps de réfugiés surpeuplés et leurs environs, où campent avec les moyens du bord les nouveaux arrivants faute de place ailleurs.

À certains endroits, des eaux troubles inondaient les tentes jusqu'à hauteur de hanche. Les autorités redoutent des glissements de terrain meurtriers.

Face à l'ampleur de la crise, l'armée bangladaise va être immédiatement déployée dans la région de Cox's Bazar, a annoncé à l'AFP Obadiul Quader, ministre de premier plan du gouvernement de Sheikh Hasina.

"En l'état actuel, la présence de l'armée est requise pour assurer l'ordre", a-t-il déclaré alors que l'afflux de réfugiés dépasse les autorités locales et organisations internationales.

"La présence de l'armée sur place est particulièrement nécessaire pour construire des abris, ce qui est une tâche très lourde, et assurer l'hygiène", a-t-il ajouté. Les militaires procèderont aussi à des distributions de nourriture.

Le sort de la minorité musulmane rohingya en Birmanie, où elle est marginalisée depuis des décennies, vaut à Naypyidaw de vives critiques à l'international.

Sortant de son silence lors d'un grand discours télévisé mardi, la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi s'est dite "prête" à un retour de réfugiés rohingyas, mais selon des critères qui restaient ambigus.

- Chat et souris -

En attendant, le Bangladesh se prépare à une crise humanitaire au long cours sur son sol.

Il assure que sous dix jours sera sorti de terre un camp de réfugiés capable d'héberger 400.000 personnes. Mais sur place, on voyait peu de signes de travaux d'ampleur.

Malgré cela, la police délogeait des réfugiés installés sur le bord de la route, dans des champs ou la forêt. Ces derniers se retrouvaient désemparés, sans savoir où aller.

"Je ne sais pas quand ce jeu du chat et de la souris va cesser", a déclaré à l'AFP Mujibur Rahman, un Rohingya de 48 ans père de 10 enfants.

"Nous avons réussi à acheter du bambou et de la tôle (pour un abri) avec l'aide de gens, et maintenant je dois les déplacer à nouveau", a-t-il regretté.

Dacca essaye de contenir les réfugiés à certaines zones localisées du sud-est du pays. Les autorités craignent qu'ils ne se rendent dans les villes de la région et que la situation échappe à tout contrôle.

Ce pays parmi les plus pauvres de la planète comptait, avant même la nouvelle flambée de violences fin août en Birmanie, au moins 300.000 réfugiés rohingyas sur son sol, legs de vagues migratoires précédentes.

Les Bangladais ont entrepris d'enregistrer officiellement les réfugiés récemment débarqués. Mais la tâche, colossale, avance à la vitesse de l'escargot.

"Notre but est d'avoir fini (l'enregistrement) d'ici cinq à six mois", a indiqué le général de brigade Saidur Rahman.

Le planning familial a également commencé des distributions de kits de contraception, redoutant un boom des naissances et une hausse de la mortalité maternelle dans les camps insalubres au cours des prochains mois.

La Première ministre du Bangladesh Sheikh Hasina a renouvelé cette semaine son appel à son voisin à réadmettre les réfugiés rohingyas.

"Nous avons dit à la Birmanie +ils sont vos citoyens, vous devez les reprendre, assurer leur sécurité, les abriter, il ne devrait y avoir ni oppression ni torture+", a déclaré Mme Hasina mardi soir à New York, où elle se trouve pour assister à l'Assemblée générale de l'ONU.

Malgré les efforts diplomatiques pour assurer le rapatriement de Rohingyas en Birmanie, qui les considère comme des étrangers, "le gouvernement birman ne répond pas aux appels. À la place, la Birmanie dispose des mines antipersonnel le long de la frontière pour empêcher le retour des Rohingyas dans leur pays natal", a déploré la Première ministre.

À la une

Sélectionné pour vous