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Le G20 met en garde contre le "populisme", avec Trump dans le viseur

Le gotha économique mondial a mis en garde vendredi contre la montée du "populisme anti-mondialisation" dans une référence à peine voilée au protectionnisme défendu par le candidat républicain à la Maison Blanche Donald Trump.

"La tendance à un profond populisme anti-mondialisation a incité des politiciens à utiliser un certain discours dans leur campagne afin de tenter d'obtenir des voix", a affirmé à Washington le ministre chinois des Finances, Lou Jiwei, lors d'une conférence de presse du G20 Finances, présidé cette année par son pays.

Sans citer directement M. Trump, le ministre chinois a assuré que ce climat renforçait "l'incertitude" qui freine une croissance économique mondiale déjà affaiblie par le Brexit.

Jamais nommé mais toujours présent: à un mois de l'élection américaine, l'ombre de M. Trump a sans cesse plané sur la grand-messe économique de Washington où se tenait l'assemblée générale du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.

Son élection marquerait "un changement radical dans la position traditionnelle des Etats-Unis notamment sur la politique commerciale", avait reconnu mardi le chef économiste du FMI Maurice Obstfeld, dans un des commentaires les plus explicites sur le magnat de l'immobilier.

Le commissaire européen à l'Economie a également fait part de ses craintes concernant une présidence Trump.

"Personne ne sait précisément quels sont ses projets (...). Je pense que ce n'est pas le choix, heureusement, le plus vraisemblable (de la part des électeurs), mais ce n'est pas non plus le choix le plus rassurant du point de vue économique", a déclaré Pierre Moscovici à la presse à Washington.

L'issue de la course à la Maison Blanche n'est toutefois pas le seul motif d'inquiétude pour l'économie mondiale.

De l'autre côté de l'Atlantique, les modalités du divorce entre l'Union européenne et le Royaume-Uni font encore craindre un recul de l'intégration européenne et continuent de faire trembler les marchés, inquiets d'un scénario d'un "Brexit dur" synonyme d'isolationnisme économique.

Ces craintes ont d'ailleurs provoqué un "krach éclair" vendredi sur les places asiatiques où la livre britannique a perdu plus de 6% contre le dollar, une chute que les autorités de Londres ont tenté de relativiser en l'attribuant à un simple "facteur technique".

- Déstabilisés -

Dans la capitale américaine, les grands argentiers du globe ont par ailleurs exprimé la crainte que la tentation du populisme et du repli sur soi ne s'exprime également dans les élections générales à venir en 2017, en France et en Allemagne.

"Nous devons reconnaître certains risques politiques liés aux élections présidentielles dans plusieurs pays et dans de grandes économies", a assuré M. Lou.

Dans un message vidéo diffusé vendredi, le président américain Barack Obama est intervenu dans le débat en appelant les représentants des 189 Etats membres du FMI et de la Banque mondiale à "repousser le protectionnisme".

Déstabilisés par cette vague populiste, les dirigeants économiques du globe ont été contraints de faire amende honorable cette semaine, en reconnaissant les failles de la mondialisation et en appelant à une croissance mieux partagée.

Cela "doit nous conduire à ne pas oublier notre obligation d'assurer la justice sociale et l'équité et de lutter contre les inégalités", a relevé le ministre français de l'Economie Michel Sapin dans une déclaration écrite vendredi.

"Cela exige de chacun d'entre nous de renforcer les mesures pour s'assurer que tout le monde profite des bienfaits de la mondialisation", a-t-il ajouté.

La mondialisation "doit être légèrement différente" et "ne peut pas se résumer à la promotion du commerce international telle qu'on l'a vu dans l'histoire", a abondé la patronne du FMI Christine Lagarde.

Ce débat a trouvé un écho à New York où les négociateurs américains et européens bouclaient vendredi un nouveau round de discussions sur l'accord de libre-échange TTIP, qui vise à abolir les barrières douanières et règlementaires mais rencontre de fortes résistances.

"Nous voyons à la fois aux Etats-Unis et dans l'Union européenne que certaines personnes craignent les conséquences d'une mondialisation incontrôlée", a déclaré le négociateur en chef européen Ignacio Garcia-Bercero, assurant que cela renforçait la raison d'être du TTIP.

Selon lui, cet accord pourrait ainsi permettre de "remodeler la mondialisation" en fixant des règles contraignantes sur l'environnement, le droit du travail et la protection des consommateurs.

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