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Le pape clôt sa visite en Egypte en prônant la charité contre l'extrémisme

Le pape François a clos samedi une brève visite sous haute sécurité au Caire en prônant la charité et en rejetant l'extrémisme devant des milliers de fidèles, trois semaines après des attentats meurtriers contre la minorité chrétienne en Egypte.

Le pontife, arrivé vendredi pour promouvoir la paix et la concorde entre musulmans et chrétiens, a estimé lors d'une messe célébrée dans un stade à moitié plein que la vraie foi était celle qui conduit "à vivre la culture de la rencontre, du dialogue, du respect et de la fraternité".

Elle consiste à "voir dans l’autre non pas un ennemi à vaincre, mais un frère à aimer", a-t-il insisté. Car "l'unique extrémisme admis pour les croyants est celui de la charité! Toute autre forme d'extrémisme ne vient pas de Dieu et ne lui plaît pas!".

Quelque 15.000 fidèles ont assisté à cette cérémonie religieuse en banlieue du Caire, selon le Vatican.

Ils ont accueilli le pape dans une ambiance joyeuse avec des lâchers de ballons blanc et jaune, aux couleurs du Saint-Siège.

Après cette messe et un déjeuner avec des évêques égyptiens, François a rencontré de futurs prêtres dans un séminaire copte catholique. Puis le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi l'a salué une dernière fois au pied de son avion, au terme d'une visite de 27 heures, sa première dans ce pays à majorité musulmane.

Cette visite papale -près de trois semaines après deux attentats suicide jihadistes qui ont fait 45 morts le 9 avril dans des églises coptes orthodoxes- a pris un caractère hautement symbolique pour les chrétiens d'Egypte .

Ils représentent environ 10% des 92 millions d'habitants du pays et forment la plus grande communauté chrétienne du Moyen-Orient.

Le groupe Etat islamique (EI), qui a revendiqué le double attentat du dimanche des Rameaux, menace de multiplier les attaques contre eux.

- 'Paroles fortes' -

Samedi, la messe s'est déroulée dans une atmosphère chaleureuse, malgré un imposant dispositif de sécurité omniprésent, avec des hélicoptères et des centaines de policiers et militaires en armes, dans et aux abords du stade.

Tout sourire, le pape de 80 ans a fait un traditionnel tour de stade dans une voiturette électrique découverte, s'arrêtant pour embrasser un petit groupe d'enfants habillés de tenues dorées inspirées de l'Egypte ancienne.

Au son des chants religieux, il est monté sur une grande estrade et a embrassé l'autel avant d'entamer son homélie, prononcée en italien et traduite en arabe par un interprète.

Dès les premières heures de la matinée, les fidèles à bord d'une noria de bus avaient passé plusieurs barrages de police pour arriver au stade militaire: des sœurs vêtues en gris et beige, des scouts couverts de badges, des hommes en costumes, des prêtres orthodoxes et catholiques, des personnes âgés marchant avec des cannes.

"J'aime le pape, il sourit, il agit, il est beau. Ses paroles sont fortes et me touchent", explique Wessam Adel, un scout de 21 ans.

Nabil Choukri, qui travaille à la foire du Caire, suit le livret de la cérémonie en arabe tout en tenant un petit drapeau jaune et blanc du Vatican. "C'est très important qu'il soit là. Nous n'avons pas peur d'aller à l'église en Egypte".

Avec une liturgie en arabe et latin, le rassemblement religieux visait à réunir devant le pape tous les rites catholiques du pays, notamment les Eglises copte, arménienne, maronite et melkite, qui rassemblent environ 272.000 fidèles (0,3% de la population).

Des dignitaires religieux musulmans étaient également présents, au lendemain de la visite de courtoisie du pape auprès du grand imam sunnite d'Al-Azhar.

- Prière commune -

A son arrivée au Caire vendredi, le pape François avait abordé plusieurs sujets à résonance particulière au Moyen-Orient comme la prolifération des armes ou les "populismes démagogiques" qui "n'aident pas à consolider la paix et la stabilité".

Fervent défenseur de l’œcuménisme, le chef spirituel de près de 1,3 milliard de catholiques avait aussi rencontré le pape copte orthodoxe Tawadros II.

Ils avaient effectué une prière commune à l'église copte Saint-Pierre et Saint-Paul, frappée en décembre par un attentat jihadiste (29 morts) et appelé à "l'unité", en rappelant que la violence des extrémistes cible sans distinction les chrétiens, catholiques ou orthodoxes.

Alors que beaucoup de chrétiens d'Egypte s'estiment tenus à l'écart des postes clefs, le pape avait appelé vendredi, devant le président Sissi, au respect "inconditionnel" des droits de l'Homme, en citant notamment "la liberté religieuse et d'expression".

Depuis qu'il a destitué son prédécesseur en 2013, M. Sissi est accusé par ses détracteurs de ne tolérer aucune voix d'opposition.

Le déplacement de François était le deuxième d'un pape en Egypte dans l'époque moderne, 17 ans après celui de Jean-Paul II, qui avait marqué les esprits.

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