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Le pape François reçoit les dirigeants européens

D'A.

Le pape François évoque régulièrement le danger de la montée des partis populistes anti-immigration. Il aura vendredi face à lui un président français socialiste sortant affaibli, une chancelière allemande chrétienne-démocrate menacée électoralement en raison de sa politique d'accueil aux migrants, ainsi que le siège vide d'un Premier ministre britannique en plein préparatifs de Brexit.

Devant les ambassadeurs étrangers auprès du Saint-Siège, le pape répétait encore en janvier que l'Union européenne demeurait "une occasion unique de stabilité, de paix et de solidarité entre les peuples".

L'UE avait gratifié en mai 2016 le souverain pontife du prix Charlemagne récompensant des personnalités remarquables engagées pour l'unification européenne. A cette occasion, le pape François avait fait la leçon aux dirigeants européens, déjà rassemblés au Vatican, en les exhortant à revenir aux sources mêmes du projet européen.

"Les projets des Pères fondateurs, hérauts de la paix et prophètes de l'avenir, ne sont pas dépassés: ils inspirent, aujourd'hui plus que jamais, à construire des ponts et à abattre des murs", avait lancé Jorge Bergoglio, sous les ors de l'immense salle Regia, située à côté de la chapelle Sixtine.

"Je rêve d'une Europe où être migrant ne soit pas un délit", avait-il déclaré, à la manière de Martin Luther King et de son fameux discours "I have a dream".

Depuis lors le pape a quelque peu nuancé son rêve d'ouvrir grandes les portes aux migrants, parfois sévèrement critiqué par certains catholiques européens. En revenant l'automne dernier d'un voyage en Suède, pays qui a une longue tradition d'accueil, il a reconnu que les gouvernements avaient le droit de calculer avec prudence leur capacité d'accueil afin de réellement intégrer ces étrangers. Et désormais, il rappelle aussi le devoir des migrants "de respecter les lois, la culture et les traditions" des pays hôtes.

- Fils d'immigrés -

Mais pour ce fils d'immigrés italiens, "l'identité européenne est, et a toujours été, une identité dynamique et multiculturelle", capable d’intégrer les "cultures les plus diverses".

L'an dernier, le pape avait en outre appelé les dirigeants européens à "oser" un changement radical de modèle économique, non réservé à "un petit nombre", en s'inquiétant tout particulièrement de la fuite des jeunes à l'étranger.

En novembre 2014, lors d'un déplacement à Strasbourg au siège de deux institutions européennes -le Parlement et le Conseil de l'Europe-, le pape avait assené que "les grandes idées qui ont jadis inspiré l'Europe semblent avoir perdu leur attrait pour être remplacées par les technicités bureaucratiques des institutions".

Réserve-t-il vendredi une nouvelle piqûre européenne à ses invités?

Le Saint-Siège et les papes depuis Pie XII ont toujours soutenu l'idéal européen, tout en critiquant une certaine laïcité, selon eux oublieuse des "racines chrétiennes" de l'Europe.

Lors de sa première audience générale place Saint Pierre en avril 2005, le pape Benoît XVI avait mis en avant les racines chrétiennes de l'Europe "auxquelles on ne peut pas renoncer".

L'année précédente, sous Jean Paul II, le Vatican avait "regretté" l'absence de mention explicite des "racines chrétiennes" historiques de l'UE dans la nouvelle Constitution européenne. Sept pays de l'UE avaient à l'époque demandé en vain l'inscription d'une référence à la chrétienneté dans le projet.

Les dirigeants se retrouveront samedi dans la même salle de la capitale italienne où fut signé le Traité de Rome en 1957.

A l'époque, ses six signataires "voyaient dans un héritage chrétien commun l'un des éléments clefs pour construire la Communauté économique européeene", a rappelé cette semaine avec nostalgie le numéro deux de Vatican, le cardinal Pietro Parolin, dans un entretien à La Stampa.

"Un lent processus a graduellement pris le dessus pour essayer de reléguer de plus en plus le christianisme à la sphère privée. Il était donc nécessaire de rechercher d'autres dénominateurs communs, apparemment plus concrets, qui ont toutefois conduit à un vide des valeurs", conclut-il, de manière plus explicite que le pape François.

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