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Le préfet Alain Gardère mis en examen pour corruption passive et interdit d'emploi public

Le préfet Alain Gardère, ancien "grand flic" proche de la droite, a été mis en examen jeudi notamment pour corruption passive et interdit d'exercer tout emploi public.

Ce haut fonctionnaire de 59 ans, qui fut membre du cabinet de Claude Guéant au ministère de l'Intérieur, a été mis en examen notamment pour abus d'autorité, prise illégale d'intérêt par personne exerçant une fonction publique, corruption passive par agent public, recel d'abus de biens sociaux et détournement de fonds publics, a indiqué une source judiciaire.

Placé sous contrôle judiciaire, il s'est vu interdire l'exercice de tout emploi public, et ne pourra pas exercer d'activité dans les secteurs de la sécurité ou des aéroports. Il devra aussi s'acquitter d'une caution de 150.000 euros.

Alain Gardère avait été placé en garde à vue mardi dans les locaux de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices".

Il avait aussitôt été suspendu de ses fonctions à la tête du Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps), l'instance chargée notamment de délivrer des agréments aux entreprises de sécurité privée, sous la tutelle du ministère de l'Intérieur. Une perquisition avait été menée à son domicile et dans les locaux du Cnaps.

Un autre policier, son directeur de cabinet au Cnaps, a aussi été mis en examen notamment pour atteinte à la liberté et à l'égalité d'accès aux marchés publics, corruption passive par agent public et complicité de détournement de fonds publics.

Interpellés également mardi, le patron d'une société de sécurité et de services aux aéroports et deux femmes ont en revanche été remis en liberté à l'issue de leur garde à vue.

- "Des services" -

Selon une source proche du dossier, Alain Gardère est notamment soupçonné "d'avoir rendu des services", en 2015, époque à laquelle il exerçait au Cnaps. "En échange, il n'aurait pas payé des restaurants, certaines vacances...", selon la même source.

Il est notamment soupçonné d'avoir "facilité l'obtention de marchés en matière de sécurité", a-t-elle ajouté.

A l'origine de l'affaire, une enquête portant sur des entreprises soupçonnées de travail dissimulé. "Des écoutes sont mises en place et des éléments apparaissent contre Gardère", selon cette source, ce qui conduit à l'ouverture d'une information judiciaire distincte le 23 septembre, notamment pour abus de biens sociaux, trafic d'influence, corruption et prise illégale d'intérêts.

Nommé préfet par la droite, il était devenu en mars 2011 directeur adjoint de cabinet du ministre de l'Intérieur Claude Guéant, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Il avait été envoyé à Marseille comme préfet délégué pour la sécurité quelques mois plus tard, avec notamment pour mission d'y faire cesser les règlements de comptes sanglants.

Il avait quitté ce poste peu après l'arrivée de la gauche au pouvoir en 2012, prenant en charge la sécurité des aéroports parisiens de Roissy et du Bourget jusqu'à sa nomination au Cnaps en janvier 2015.

Alain Gardère n'est pas le premier préfet auquel la justice s'intéresse.

En 2003, le préfet de Corse Bernard Bonnet avait été condamné à trois ans de prison dont un ferme, dans l'affaire des paillotes. Jean-Charles Marchiani, préfet du Var de 1995 à 1997, avait notamment écopé en 2008 d'une peine de trois ans de prison pour avoir perçu des commissions occultes lors de passations de marchés.

Claude Guéant, également préfet, a été condamné en novembre à deux ans de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris dans le procès des primes en liquide versées alors qu'il était directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy.

Il est également mis en examen notamment pour blanchiment de fraude fiscale en bande organisée dans l'affaire de deux tableaux flamands qu'il dit avoir vendus pour expliquer un virement de 500.000 euros sur son compte.

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