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Les États-Unis en quête d'une nouvelle stratégie contre la Corée du Nord

Les États-Unis sont en quête d'une nouvelle stratégie pour endiguer les programmes balistique et nucléaire de la Corée du Nord, au risque de s'écharper avec la Chine le principal protecteur de Pyongyang.

Le président Barack Obama avait prévenu son successeur Donald Trump en lui confiant les clés de la Maison Blanche: les missiles balistiques et le programme militaire nucléaire de la Corée du Nord représentent le dossier diplomatique le plus épineux qu'il aura à gérer.

De fait, le nouveau chef de l'exécutif américain est confronté à sa première crise internationale et il dépêche du 15 au 19 mars à Tokyo, Séoul et Pékin son ministre des Affaires étrangères Rex Tillerson après que le régime nord-coréen de Kim Jong-Un a tiré lundi au moins quatre missiles balistiques en direction du Japon.

Après deux essais nucléaires en 2016, ces derniers tirs de missiles ont montré que Pyongyang avait dans son viseur des bases américaines sur l'archipel japonais, voire la côte Pacifique du nord-ouest des États-Unis.

Le secrétaire d’État Tillerson "parlera avec ses homologues chinois, sud-coréen et japonais de nos options et de nouveaux moyens de résoudre la situation", a indiqué le porte-parole de la diplomatie américaine Mark Toner, sans entrer dans les détails.

Mais le département d’État a rejeté cette semaine un compromis proposé par la Chine qui verrait la Corée du Nord suspendre son programme nucléaire en échange de l'arrêt des manoeuvres militaires entre Washington et Séoul: "Ce ne serait pas un échange équitable", a balayé M. Toner.

- "Collision" des deux Corées -

Pour éviter une "collision" entre les deux Corées, Pékin chercherait à relancer les discussions à Six (Séoul, Pyongyang, Tokyo, Moscou, Pékin, Washington) interrompues depuis près de dix ans.

Washington "serait d'accord pour parler à la Corée du Nord", a réaffirmé jeudi M. Toner, mais à condition que Pyongyang "se montre sérieux en discutant de son programme nucléaire".

"Nous en sommes évidemment loin", a taclé le porte-parole américain.

Alors si la diplomatie devait capoter, l'administration Trump risquerait-elle une confrontation militaire? "Toutes les options sont sur la table. Elles l'ont toujours été", a répondu un haut responsable américain.

Fin 2016, durant la période de transition Obama-Trump, un cadre de la Défense avait confié que des scénarios de conflit armé étaient envisagés sur la Péninsule coréenne, la région la plus militarisée de la planète. Mais une éventuelle confrontation militaire risquerait d'être nucléaire avec des conséquences dramatiques pour l'Asie, s'alarment des experts.

Dans la droite ligne de la politique de l'administration Obama, le gouvernement Trump devrait plutôt encourager le développement de systèmes de défense antimissiles pour protéger ses alliés japonais et sud-coréen.

- Colère chinoise -

A l'instar du déploiement mardi en Corée du Sud du bouclier antimissile américain THAAD (Terminal High-Altitude Area Defense) et de son radar, qui a provoqué la colère de la Chine.

Pour tenter d'apaiser Pékin, qui redoute des entraves à ses propres systèmes de missiles, Washington a assuré que THAAD était un armement "défensif" et nullement dirigé contre la seconde puissance mondiale.

Quant à l'option des représailles internationales contre la Corée du Nord, le Conseil de sécurité de l'ONU a encore condamné mardi à l'unanimité de ses 15 membres, y compris la Chine, les derniers tirs de missiles.

Mais si le Conseil a déjà imposé six volets de sanctions contre Pyongyang depuis dix ans, un rapport de l'ONU a accusé fin février le régime communiste de contourner certaines de ces sanctions financières.

"Nous avons appris que la Corée du Nord avait accès" au système financier international, dénonce ainsi Anthony Ruggiero, un ancien cadre du département d'État et du Trésor. "Le rapport de l'ONU montre que beaucoup de gens en Afrique, en Chine, en Asie du Sud-Est font des affaires avec la Corée du Nord en devise chinoise, en euros et en dollars", affirme cet expert du centre d'analyse Foundation for Defense of Democracies.

M. Ruggiero conseille à Washington de poursuivre en justice des banques chinoises qui ont des filiales aux États-Unis et qui auraient permis de violer des sanctions.

Il prend pour exemple l'amende de 1,2 milliard de dollars que les autorités américaines ont infligée mardi au géant chinois des télécommunications ZTE pour avoir violé l'embargo contre l'Iran et la Corée du Nord. D'après M. Ruggiero, le secrétaire d'Etat Tillerson devrait dire à Pékin la semaine prochaine: "Vous avez-vu l'amende contre ZTE? C'est ce qui menace vos banques".

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