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Colombie: "Adieu aux armes!", promet la guérilla des Farc

"Adieu aux armes! Bienvenue à la paix!" a lancé mardi le chef de la guérilla colombienne des Farc, en annonçant officiellement l'abandon des armes par ce mouvement en guerre contre l'Etat depuis plus d'un demi-siècle.

"Aujourd'hui nous ne trahissons pas la Colombie, aujourd'hui nous abandonnons les armes", a promis Rodrigo Londoño, alias "Timochenko", pendant la cérémonie à Mesetas (centre) célébrant la fin du désarmement des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes).

Le président Juan Manuel Santos a lui salué "la meilleure nouvelle pour la Colombie de ces 50 dernières années: la nouvelle de la paix".

Il assuré que ce processus serait "irréversible", se félicitant de "la fin de cette guerre absurde" avec la principale guerrilla du pays, née d'une rébellion paysanne en 1964.

La Norvège, pays garant, avec Cuba, de l'accord de paix signé en novembre, a elle aussi applaudi cette étape cruciale.

"C’est une journée historique. Qu’une guérilla renonce à ses armes et se prépare à une transition vers une vie civile est un évènement extrêmement rare", a souligné dans un communiqué le ministre des Affaires étrangères Børge Brende.

Lundi soir, la Mission des Nations unies en Colombie, chargée de superviser le désarmement et de détruire les armes, a annoncé que les quelque 7.000 combattants des Farc avaient remis l'ensemble de leur arsenal, soit 7.132 armes.

L'ensemble du processus, qui a valu à M. Santos le prix Nobel de la Paix, doit permettre de tourner la page du plus ancien conflit armé d'Amérique latine qui a fait au moins 260.000 morts, plus de 60.000 disparus et 7,1 millions de déplacés.

Le désarmement "signifie la fin de la principale guérilla armée du continent américain. Cela signifie le début du post-conflit (...) et d'un processus difficile de réconciliation dans le pays", explique à l'AFP l'analyste Jorge Restrepo.

Mais la dernière phase, visant à remettre à l'ONU les 40% restants de l'arsenal, a été assombrie par un attentat à la bombe, le 17 juin dans un centre de commercial de Bogota, qui a tué trois personnes dont une Française.

L'attaque, attribuée au groupuscule extrémiste Mouvement révolutionnaire du Peuple (MRP) dont neuf membres présumés ont été arrêtés, a révélé une Colombie encore troublée par la violence malgré ses désirs de paix.

L'accord avec les Farc, qui inclut aussi un dédommagement pour les victimes, une réforme agraire et la lutte contre le narcotrafic, avait d'ailleurs été initialement rejeté de peu (50,2%) par les Colombiens lors d'un referendum en octobre, obligeant à une renégociation de l'accord. Cette dernière mouture avait finalement été approuvée par le Parlement.

- Un parti politique -

En rendant son arme, chaque guérillero s'est vu remettre un certificat et a signé un acte l'engageant à ne plus les reprendre.

Avec l'armement récupéré, puis fondu, trois monuments symbolisant la fin du conflit seront érigés : à New York, à Cuba - siège des négociations de paix - et en Colombie.

La prochaine étape sera le retour à la vie civile de ces désormais ex-guérilleros, jusque-là regroupés dans 26 zones du pays et qui bénéficieront d'une justice spéciale garantissant l'amnistie pour la majorité d'entre eux.

Les Farc devraient elles connaître une seconde vie sous forme de parti politique, avec en ligne de mire les élections générales de 2018, pour lesquelles elles pourraient présenter un candidat présidentiel. Un congrès du parti est prévu en août.

"Quelles seront ses mots d'ordre politiques, quelle idéologie va-t-elle adopter? C'est une question qui définira son succès politique", souligne M. Restrepo, directeur du centre d'analyse du conflit Ceralc.

"L'un des points critiques est que de nombreux membres des Farc feront de la politique sans avoir été en prison", observe aussi l'analyste du cabinet Crisis Group en Colombie, Kyle Johnson.

Restera alors une ultime marche à gravir pour parvenir à la "paix complète" tant souhaitée par le président Santos : négocier un accord similaire avec la dernière guérilla active du pays, l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste), qui compte encore 1.500 combattants.

Des pourparlers ont débuté en février à Quito, mais sont entachés par les enlèvements que continue de mener l'ELN, le dernier en date étant celui, la semaine dernière, de deux journalistes néerlandais, finalement relâchés cinq jours plus tard en bonne santé.

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