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Quatre Palestiniens tués lors d'une nouvelle journée de mobilisation pour Jérusalem

Quatre Palestiniens ont été tués dans des heurts avec les forces israéliennes, lors d'une nouvelle journée de mobilisation contre la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale d'Israël.

Dans un souci évident de faire retomber la tension, la Maison Blanche va renouveler ses efforts pour relancer un processus de paix israélo-palestinien, ont annoncé vendredi de hauts responsables américains. Cette relance diplomatique interviendra dès la semaine prochaine, selon eux, avec la visite du vice-président Mike Pence attendu mercredi à Jérusalem.

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi dans la bande de Gaza dirigée par le mouvement Hamas, et des milliers à Jérusalem et en Cisjordanie occupée vendredi à la sortie de la prière musulmane hebdomadaire, selon des journalistes de l'AFP sur place.

Une partie d'entre eux sont ensuite allés au contact des soldats et policiers israéliens, qui ont riposté aux jets de pierres de jeunes gens souvent masqués par des tirs à balles réelles ou en caoutchouc et du gaz lacrymogènes, à Ramallah, Bethléem, Hébron, Qalandiya et près de Naplouse, en Cisjordanie.

Un Palestinien de 29 ans a poignardé un policier israélien à la sortie de Ramallah et a été abattu, a indiqué la police israélienne. Le policier a été légèrement blessé.

Des photos de l'AFP montrent qu'il portait un dispositif ressemblant à une ceinture d'explosifs, sans qu'il soit possible de dire si elle était authentique ou non.

Un autre de 24 ans a été tué par balles lors de heurts à Anata, une localité entre Jérusalem et la Cisjordanie occupée.

Dans la bande de Gaza, des centaines de Palestiniens ont défié les forces israéliennes au pied de la barrière de béton et de métal qui ferme hermétiquement la frontière. Deux hommes de 29 et 32 ans, dont l'un amputé des deux jambes après une incursion militaire israélienne près du camps de réfugiés d'Al-Bureij en avril 2008, ont été tués par des tirs de soldats israéliens.

Plus de 140 personnes ont été blessées par balles à Gaza, et des dizaines d'autres en Cisjordanie occupée, ont indiqué les secours.

- 'Journée de rage' -

Même si elle n'a pas déclenché la spirale de violence redoutée, la décision américaine et les violences qu'elle a suscitées ont causé la mort de huit Palestiniens, fait des centaines de blessés et conduit à des dizaines d'arrestations depuis qu'elle a été annoncée le 6 décembre.

Le Hamas, qui avait exhorté à une "nouvelle intifada" aussitôt après l'allocution du président américain, a appelé à faire de chaque vendredi une "journée de rage".

A Jérusalem même, où 30.000 fidèles ont prié sur l'esplanade des Mosquées selon la fondation qui administre le site, les policiers se sont vigoureusement empoignés dans la Vieille ville avec des dizaines de personnes sorties de la prière en agitant de grands drapeaux palestiniens.

Le choix du président Donald Trump de tourner le dos à des décennies de diplomatie américaine et internationale continue ainsi de provoquer des mouvements quotidiens de protestation, plus ou moins violente.

Des dizaines de milliers de musulmans ont pris part à des manifestations à travers le monde depuis la semaine passée.

En Jordanie, des milliers de personnes ont manifesté à l'appel des Frères musulmans (dont est issu le Hamas) dans plusieurs villes du royaume, par solidarité avec "l'Intifada de Jérusalem". Devant l'ambassade des Etats-Unis à Amman, des centaines de personnes ont réclamé la fermeture de la représentation diplomatique et l'expulsion de l'ambassadeur, scandant "Pas d'ambassade sioniste en terre jordanienne".

- 45% pour un soulèvement populaire -

Cependant, la protestation n'a pas pris pour l'instant les proportions appréhendées dans les Territoires palestiniens et le monde musulman, alors que la communauté internationale s'alarmait du risque d'une incontrôlable réaction en chaîne.

Pour les Palestiniens, la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël ne préjuge pas seulement du résultat de négociations dont le statut de la ville devrait faire l'objet. Elle nie l'identité arabe de Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, et mine leur aspiration à établir un jour la capitale de leur futur Etat à Jérusalem-Est.

Israël proclame tout Jérusalem comme sa capitale "indivisible".

Un récent sondage du respecté Centre palestinien de recherche politique indique que 45% des Palestiniens sont favorables à un soulèvement populaire pour résoudre le vieux conflit avec Israël.

Si cela ne se traduit pas par une mobilisation massive, c'est à cause de l'efficacité des forces de sécurité, affirme le directeur de l'institut, Khalil Shikaki à l'AFP.

C'est aussi parce que "le Hamas est trop faible en Cisjordanie et que le Fatah (parti rival dominant en Cisjordanie) ne veut pas prendre la voie de la violence", ajoute-t-il.

Pour les Palestiniens, la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël ne "représente pas un changement fondamental de la réalité": Jérusalem-Est est déjà totalement sous le contrôle d'Israël, dit-il.

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