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Les Vénézuéliens votent dans le calme après des mois de violences

Plus de 18 millions de Vénézuéliens votaient dimanche dans le calme mais sans grand enthousiasme pour élire leurs gouverneurs régionaux, un scrutin test pour le gouvernement et l'opposition, qui mesurent leurs forces après des mois de manifestations violentes.

Dans les dernières heures avant la fermeture des bureaux de vote, prévue à 18h00 locales (22h00 GMT), les deux camps ont multiplié les appels à voter pour désigner ceux qui dirigeront les 23 Etats vénézuéliens pour les quatre prochaines années.

L'opposition a fait de ce scrutin un référendum pour ou contre le président Nicolas Maduro.

"Soit ce pays change, soit il sombre définitivement. Le changement n'est pas aisé, il faut se battre", a expliqué à l'AFP Mary Delgado, 63 ans, après avoir voté dans l'est de Caracas.

La participation était de 45% peu après 16h00 locales (20h00 GMT), a indiqué à l'AFP une source au sein du Conseil national électoral (CNE). Le président Maduro a peu après évoqué une "participation supérieure" aux régionales de 2012, qui avait été de 52%.

"Tout se déroule dans le calme", a déclaré la présidente du CNE Tibisay Lucena.

A Maracaibo, ville pétrolière de l'est du pays, Carmen de Guillen, une électrice chaviste de 52 ans, considère que le gouvernement "s'inquiète du sort des plus pauvres".

C'est le premier scrutin, avec un an de retard, depuis la large victoire de la coalition d'opposition de la Table de l'unité démocratique (MUD) lors des législatives de décembre 2015, qui a mis fin à plus de 15 ans d'hégémonie chaviste (du nom du défunt Hugo Chavez, président de 1999 à 2013 et mentor de l'actuel chef de l'Etat Nicolas Maduro).

Le vote intervient alors qu'un calme surprenant règne au Venezuela depuis deux mois, après la vague de manifestations souvent violentes qui a submergé le pays d'avril à juin, faisant 125 morts. A l'appel de l'opposition, les protestataires exigeaient le départ du président Maduro, mais ils n'ont rien obtenu.

Bien que le scrutin soit régional, les résultats "auront des conséquences" sur un éventuel dialogue entre le gouvernement et l'opposition, selon l'expert électoral Eugenio Martinez. Le dialogue entre les deux camps, qui avait timidement repris début septembre en République dominicaine, a été gelé depuis, l'opposition estimant que les conditions n'étaient "pas réunies".

Après avoir boycotté l'élection des membres de l'Assemblée constituante, les anti-Maduro ont revu leur stratégie et appellent la population à voter pour "libérer le pays de la dictature de Maduro", selon un des chefs de file de l'opposition, Henrique Capriles.

- Nouveau bras de fer -

Le chef de l'Etat socialiste considère, lui, avoir remporté le bras de fer dans la rue et fait de ce scrutin une consécration de sa toute-puissante Assemblée constituante, élue fin juillet mais vivement contestée par ses adversaires et une bonne partie de la communauté internationale.

"Celui qui ira voter le fera en faveur de la Constituante", a répété dimanche le président.

Nicolas Maduro a d'ores et déjà prévenu que les futurs gouverneurs devront "prêter serment et se soumettre" à l'Assemblée constituante, faute de quoi ils seront destitués.

Ce qui laisse entrevoir un nouveau bras de fer dès lundi, l'opposition ayant rejeté cette exigence.

"Ce processus (électoral) n'a pas été convoqué par la Constituante, ou par Maduro, il a été convoqué par le peuple vénézuélien et le mandat (délivré par) la Constitution", a affirmé Gerardo Blyde, directeur de campagne de la coalition d'opposition, après avoir voté.

Le camp de M. Maduro détient 20 Etats sur 23, contre trois pour l'opposition. Les instituts de sondage prévoient 11 à 18 gouverneurs pour le camp anti-Maduro. Le taux de participation sera décisif, une abstention élevée jouant en faveur du gouvernement, estiment les analystes.

"Il ne s'agit pas de gouverneurs ou de partis, mais de battre Maduro. C'est une journée historique, le début d'une nouvelle étape de pression qui va se poursuivre", a prévenu le député Freddy Guevara, un des leaders de l'opposition qui fait face au découragement de ses partisans.

"La haine accumulée et l'impuissance face au manque de solution à la crise font de ces élections une opportunité pour envoyer un message de mécontentement", a déclaré à l'AFP Jesus Seguias, directeur de l'institut Datincorp.

Plombé par un taux d'impopularité record, le chef de l'Etat cherche à retrouver un peu d'air, tant au Venezuela qu'à l'extérieur après une série de sanctions financières américaines. Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit un effondrement du PIB de 12% en 2017 et une inflation de 652,7%.

Aucun observateur international n'a été accepté pour le vote de dimanche.

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